Les mouvements d’humeur observés sur les différents chantiers plombent parfois l’évolution des travaux sur certains sites.
Aquelques semaines de l’arrivée d’une mission de la Confédération africaine de football (Caf) en compagnie du cabinet d’audit Rolland Berger pour la troisième visite des chantiers d’infrastructures devant abriter la Coupe d’Afrique des nations en 2019, certains employés de ces édifices en érection saisissent la balle au bond pour exercer une pression sur leurs employeurs, à travers des grèves avec arrêt de travail et des mouvements d’humeur de protestation.
Hier à Garoua, ce sont les employés de l’entreprise Prime Potomac qui ont, avec pancartes, marqué la cessation d’activités sur le chantier. Pour cause, ils ont «quatre, cinq et six mois d’arriérés de salaire pour des rémunérations qui oscillent entre 40.000 et 80.000 Fcfa», apprend-on d’un employé qui décrit l’état de promiscuité en ces termes :
«Nous ne parvenons plus à nous nourrir, nous passons le temps à quémander chez les riverains, parfois certains parmi nous décèdent faute de moyens pour se soigner, tant que notre situation ne se régularise pas, on ne reprendra pas le travail».
Contactés, les responsables de Prime Protomac n’ont pas réagi. Pareil scénario avait été observé en février dernier sur le même site à la veille de l’arrivée de la deuxième visite d’inspection de la Caf. Le patronat avait apporté une partie de réponses à ces revendications.
Entre temps, certaines sources affirment que cela est dû aux comptes bancaires de l’entreprise qui auraient été bloqués. L’entreprise Prime Potomac est adjudicataire de six marchés s’élevant à 26 milliards Fcfa pour la construction de quatre terrains entraînements, dont ceux du centre sportif de Coton sport, de Poumpouré, Raéré et du Cénajès de Garoua.
La réhabilitation de l’hôtel Benoué et la construction d’un hôtel quatre étoiles de 130 chambres, dont 70 chambres single, 17 doubles, huit pour personnes handicapées et huit suites. Les travaux doivent être livrés en octobre selon le cahier des charges. Cette entreprise a eu des démêlées avec la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) à cause de son «incapacité à poser du gazon synthétique sur certains terrains municipaux pour un montant de 400.000.000 Fcfa».
Il y a deux semaines, une dizaine d’ouvriers sur le chantier du complexe sportif d’Olembé devant accueillir les cérémonies d’ouverture et de clôture de la Can 2019 ont eux aussi manifesté pendant quelques heures pour «réclamer de meilleures conditions de travail», mais les travaux se poursuivaient tout de même. Le directeur général de l’entreprise Piccini (société en charge des travaux) avait pointé un doigt accusateur sur les sous-traitants qui emploient ces ouvriers.
«Piccini s’est régulièrement acquitté de ses obligations financières envers cette entreprise (soustraitant) comme le prévoit le contrat. Nous ne sommes pas responsables de ces employés. Ceux qui ont un contrat avec nous n’ont pas ces problèmes». A sa suite, c’est le ministre du Travail et de la Sécurité sociale qui avait réuni certaines parties pour apaiser le climat.
Japoma
Perturbant les travaux, le ton des grèves sur ces chantiers a été donné par les ouvriers du stade Japoma de Douala le 3 janvier dernier, avec pour motifs l’exigence de l’amélioration des conditions de travail et le respect du code du travail. «Tout ce que nous voulons, c’est l’exécution de nos réclamations à la lettre.
Dans quelques semaines, il y aura des vagues des licenciements et nous voulons des contrats à durée indéterminée pour être en sécurité», avait déclaré Alain Manga, le porte-parole des ouvriers. Les travaux exécutés par l’entreprise turque Yenegun se chiffrant à 200 milliards Fcfa pour un stade de 50.000 places, terrains d’entrainements et gymnase doivent être livrés en septembre prochain.
Avec mutation