Le 31e sommet des chefs d’Etat de l’UA s’est achevé ce lundi soir 2 juillet à Nouakchott, un sommet consacré à la lutte contre la corruption et qui a vu la participation d’une vingtaine de chefs d’Etat. Retour sur les principales décisions de ce sommet.
Ce sommet était l’occasion pour l’équipe de Paul Kagame, en charge des réformes institutionnelles, de faire le plaidoyer de projets visant à améliorer l’intégration, de rencontrer les présidents les plus réticents pour adhérer à la zone de libre-échange. Et cela semble avoir porté ses fruits : 49 Etats ont signé le protocole instaurant ce marché commun.
Concernant la lutte contre la corruption, thème de ce sommet, le bilan est plutôt mitigé. « On attendait des engagements fermes de la part des chefs d’Etat, mais la réunion n’a abouti qu’à des déclarations politiques », déplore un participant.
Quant à l’idée de résoudre les crises du continent, la conférence des chefs d’Etat a pris des décisions à minima. Exemple sur la crise au Soudan du Sud : l’UA repousse au prochain sommet l’idée d’appliquer des sanctions ciblées contre les protagonistes de la crise. L’UA attend les conclusions d’un rapport confié au Kenya et au Soudan avant d’agir.
■ Paul Kagame en chef d’orchestre du sommet
Le sommet a été marqué par la « touche » du Rwandais, Paul Kagame, président en exercice de l’UA, qui a la charge d’un vaste programme de réformes de l’institution.
L’allure ferme et déterminée, Paul Kagame était un peu le chef d’orchestre de l’ensemble de ce sommet. Le président rwandais impose sa cadence : il veut aller à l’essentiel et rationaliser les activités de l’Union africaine.
« Il part du principe qu’il n’est pas utile de faire 1 000 projets qui n’aboutissent pas. Mieux vaut réduire cela aux projets réalisables », rapporte un officiel, séduit par ce pragmatisme.
« Le président Paul Kagame tente de mobiliser tout le monde, il veut créer une dynamique pour que les projets aboutissent », estime un cadre de l’UA. Lors de ce sommet, il est ainsi parvenu à convaincre 5 Etats supplémentaires à signer le protocole instaurant une zone de libre-échange.
Mais dans les couloirs du centre Al-Mourabitoune, plusieurs diplomates ne cachent pas leur frilosité face à cet élan un peu trop rapide à leur goût. Des responsables du Nigeria et d’Afrique du Sud, qui n’apprécient pas « cette méthode autoritaire qui suscite peu de consensus ».
■ Autonomie financière de l’UA
La lutte contre la corruption et pour l’autonomie financière était également au centre des débats de ce 31e sommet de l’Union africaine à Nouakchott. Ce 2 juillet, le président rwandais Paul Kagame, également président de l’UA, a justement présenté un rapport sur une réforme institutionnelle de l’UA qui vise à garantir l’indépendance financière de l’organisation.
Parmi les propositions, on compte le prélèvement d’une taxe sur les importations de chaque pays, afin de financer le budget de l’organisation. Une décision dont se félicite Fadel Barro, le coordinateur de « Y en a marre », un mouvement de la société civile sénégalaise. « Mieux vaut tard que jamais, se félicite-t-il. Cette réforme devait être appliquée depuis très longtemps parce qu’on ne peut pas vouloir financer des idées africaines avec un fonds qui ne vient pas de l’Afrique ».
« C’était extrêmement important que l’Union africaine puisse au moins compter sur ses propres moyens simplement pour son développement, pour son exécution, poursuit-il. Au moins, cette fois-ci, cette réforme est portée par le président de l’Union africaine. L’influence, le leadership de Paul Kagame, est sur le continent. Cette fois-ci, j’y crois et je veux y croire. Il y a une volonté politique ».
■ Relations avec l’Europe
Les dirigeants présents au sommet de l’UA à Nouakchott souhaitent aussi redéfinir le cadre de leurs relations commerciales et politiques avec l’Europe et quitter le groupe ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) pour mieux défendre leurs intérêts.
« Ces accords datent de 1975, il y a plus de quarante ans, estime Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA. Nos rapports avec l’Europe ont changé. L’Afrique a changé. Ces relations sont des relations commerciales. Ils doivent tenir compte de notre vision de nos continents. C’est la raison pour laquelle nous pensons, et avec raison, qu’il faut qu’il y ait des négociations de continent à continent ».
« Il y a des problèmes spécifiques à l’Afrique, poursuit-il. La migration ne concerne ni les Caraïbes, ni le Pacifique. Les questions de sécurité, la lutte contre le terrorisme sont des questions spécifiques à l’Afrique et dans nos rapports avec l’Europe. Je suis certain que même certains Etats européens pensent que ces rapports doivent changer. Ils ne doivent pas être ceux d’il y a quarante ans ».
Avec RFI