La convention de 2003 est destinée à mettre en valeur le patrimoine « immatériel » des pays. Elle n’a pourtant pas encore permis de faire reconnaître la richesse culturelle de l’Afrique.
Les montagnes de roches vertes de Barberton Makhonjwa, en Afrique du Sud, et le site archéologique de Thimlich Ohinga, au Kenya, ont un point commun : outre qu’ils se trouvent en Afrique, ils aspirent à rejoindre la liste du Patrimoine mondial établie par l’Unesco.
Sans attendre la réunion du comité, qui aura lieu du 24 juin au 4 juillet à Manama (Bahreïn) pour statuer sur les 31 demandes présentées cette année, le gouvernement de Pretoria s’est déjà vu signifier qu’il devrait patienter avant de prétendre à ce label qui distingue les biens naturels et culturels d’une « valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l’art ou de la science ». Nairobi, qui travaille sur son dossier depuis 2010 et a déjà été recalé une fois en 2015, devrait cette fois-ci passer l’obstacle avec succès.
D’une manière générale, parvenir à se faire une place dans cette vitrine, où se côtoient l’Acropole d’Athènes, la cité des Doges et le château de Versailles, n’est pas un exercice facile pour les Africains. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à affirmer que tout a été fait – volontairement ou non – pour les disqualifier.
Une réalité douloureuse
Il y a, en creux de ce palmarès, une réalité douloureuse pour ceux qui s’en sentent exclus : le continent africain a été laissé en marge d’un récit dans lequel ne sont admis que ceux qui possèdent des biens présentant un intérêt exceptionnel pour l’héritage commun de l’humanité, selon les critères définis par l’Unesco. A en croire les chiffres, l’Afrique n’y prend qu’une part congrue : sur les 1 073 sites homologués par l’Unesco, 93 seulement, soit moins de 10 %, sont africains. A elles seules, l’Italie et la France en possèdent davantage que l’Afrique.
Vusumuzi Mkhize, le directeur du Fonds pour le patrimoine mondial africain, créé en 2006, est un virulent critique de la représentation du monde véhiculée à travers le Patrimoine mondial :
« Le patrimoine de l’Afrique est évalué…