L’ancien chef du FBI James Comey a commis une «sérieuse erreur de jugement» dans sa façon de diriger l’enquête sur Hillary Clinton selon un rapport du ministère de la Justice, qui dénonce en outre «l’état d’esprit partial» de certains agents.
Le ministère de la Justice américain a publié le 14 juin dernier son rapport officiel sur la conduite par le FBI de l’enquête sur Hillary Clinton et l’utilisation par celle-ci d’un serveur de messagerie privé et non-gouvernemental pour ses communications en tant que secrétaire d’Etat. Ce rapport était très attendu, Donald Trump et ses électeurs accusant l’agence fédérale et son directeur de l’époque, James Comey, d’avoir protégé Hillary Clinton pour préserver ses chances lors de l’élection.
A la lecture des 500 pages du texte, il apparaît qu’il existe une «culture défavorable à Donald Trump» au sein du FBI. L’inspecteur général Michael Horowitz, en charge du rapport, y retranscrit ainsi des échanges entre deux agents fédéraux, la juriste Lisa Page et l’enquêteur Peter Strzok, tous deux sous la responsabilité de James Comey. «[Donald Trump] ne va jamais devenir président, n’est-ce pas?», demande Lisa Page à Peter Strzok lors de l’une de leurs conversations. Ce à quoi celui-ci répond alors : «Non. Sûrement pas. Nous l’en empêcherons.»
Pour le ministère de la Justice, cet échange verbal parmi d’autres démontrent «non seulement un état d’esprit partial mais, plus grave encore, implique une volonté de prendre des mesures officielles pour influer sur les perspectives électorales du candidat». Le rapport note ainsi que cette attitude va à l’encontre des valeurs fondamentales du FBI et du Département de Justice, censés être impartiaux. «Ces messages jettent un voile sur la façon dont a le FBI a géré l’enquête, et sur la crédibilité de l’enquête elle-même», assure Michael Horowitz dans le rapport.
«Grave erreur de jugement»
James Comey est lui-même mis en cause dans le rapport pour les libertés qu’il a prises avec les procédures. Lors d’une conférence de presse surprise en juillet 2016, l’ancien directeur du FBI avait estimé qu’il n’était pas pertinent d’engager des poursuites contre Hillary Clinton sur la base des révélations de ce que les médias appelaient alors l’«emailgate», tout en notant que l’ancienne secrétaire d’Etat avait fait preuve d’une «extrême négligence».
Or, selon Michael Horowitz, James Comey aurait dû en référer d’abord à la ministre de la Justice de l’époque, Loretta Lynch, qui était sa supérieure hiérarchique. «Cette façon d’agir de James Comey a été extraordinaire et insubordonnée», souligne ainsi l’inspecteur général.
En outre, l’ancien patron du FBI a, selon les auteurs du rapport, commis «une grave erreur de jugement» fin octobre 2016, lorsqu’il a relancé de façon retentissante l’affaire des courriels en pleine campagne présidentielle : il avait alors annoncé, dans une lettre au Congrès, que l’enquête sur Hillary Clinton était rouverte.
Trump : «C’est un désastre total pour James Comey»
Ces critiques formulées par la Justice contre le FBI ont été accueillies avec un plaisir non dissimulé par le président américain, qui a publié de nombreux tweets à ce sujet, qualifiant notamment le rapport de «désastre total pour James Comey et ses serviteurs». «J’ai rendu un grand service au peuple en le virant», a-t-il écrit.
Pourtant, la conclusion du rapport est moins critique vis-à-vis du FBI que son contenu ne le laisserait présager : «Nous n’avons trouvé aucune preuve montrant que les décisions des procureurs ont été influencées par des partis pris ou d’autres considérations déplacées», note en effet l’inspecteur général Michael Horowitz.
Avec rtfrance