Les groupes bancaires Rand Merchant Bank et Absa Group (via sa branche banque d’investissement) sont au coeur du projet d’augmentation de l’actionnariat exclusivement noir (Black Economic Empowerment) dans le capital de l’opérateur de télécommunication Vodacom. L’opération valorisée à plus d’un milliard $, est présentée comme la plus importante jamais réalisée dans ce contexte en Afrique du sud
Vodacom a promis d’apporter plus de détails sur l’opération, mais les investisseurs semblent assez prudents car en plus des contraintes règlementaire, le processus suivra plusieurs étapes plus cruciales les unes que les autres.
Au départ, il sera question de regler la dette des actionnaires noirs de la filiale sud-africaine de l’opérateur (Vodacom SA). En effet, au lancement du processus, en 2008, les actionnaires noirs regroupé autour du véhicule YeboYethu (regroupant Royal Bafokeng Holding et Thebe Investment), ont acquis des actions de Vodacom SA d’une valeur de 15 631 rands chaque groupe de 100, à seulement 2500 Rands. Vodacom avait financé une partie du reste à payer, en accordant des prêts. L’autre partie s’est épongée avec des dividendes non distribués. Il faut dire que les titres acquis comportaient 282 millions d’actions de class A et 18 millions d’actions ordinaires.
Dans le cadre de l’opération actuelle, il est d’abord question de régler cette dette qui reste pendante. Pour se faire la filiale sud-africaine de Vodacom rachètera 111 millions d’actions de classe A à un prix préférentiel, ce qui permettra de dégager de la valeur en cash pour rémunérer le actionnaires noirs. Par la suite, il leur sera proposé de consolider toutes leurs actions dans le cadre de la seule entité YeboYethu, avec une perspective un dividende généreux.
C’est après ce processus que YeboYethu pourra échanger ses actions contre des actions Vodacom Group. Rien ne sera facile dans ce processus, et les compromis seront nombreux.
L’offre de rachat des actions préférentielles aux avantages accrus sera très discutée, même si le prix d’achat intègre une prime de 67% sur leurs valorisations actuelles). Ces actions donnent des droits accrus et il faudra bien mesurer ce qu’on y perd. Aussi, au-delà de polir son image, Vodacom en tirera un avantage psychologique qui lui permettra de se renforcer davantage sur le marché sud-africain.
Enfin l’endettement ne sera pas terminé pour le véhicule d’investissement noir. Pour acquérir les actions supplémentaires qui lui permettront d’atteindre 20% du capital de Vodacom Group, il faudra que le YeboYethu trouve de la ressource additionnelle et cela necessitera de recourir à des emprunts bancaires, qu’il faudra aussi négocier.
Aussi complexe qu’elle soit, l’opération devra cependant être bouclée rapidement, car celle en vigueur actuellement devrait arriver à son terme à la fin du mois d’octobre 2018. Il y a donc du pain sur la planche pour les groupes Rand Merchant Bank et Absa Group, qui travailleront avec des experts du conseil légal pour la partie dette, comme Allen & Overy.
Sur le Johannesburg Stock Exchange où Vodacom Group est coté, la valeur de son action est actuellement en recul de 1,7%, après avoir perdu 2,8% le 11 juin, lorsque le plan a été dévoilé. En effet les conséquences de cette opération, qui intègre aussi la mise en place d’un véhicule d’actionnariat des employés, ne semblent pas bien maitrisées.
Avec agenceecofin