À la veille du sommet historique entre Kim Jong-un et Donald Trump, les équipes de négociateurs mettent au point les derniers détails. L’issue du sommet demeure des plus incertaines au vu des personnalités en présence et des enjeux.
auf revirement dernière minute, Donald Trump et Kim Jong-un devraient se voir en tête-à-tête mardi 12 juillet pendant deux heures, à partir de 9 heures du matin heure locale, 3 heures du matin à Paris.
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Kim et Trump sont arrivés et “souhaitent le succès de ce sommet”
Quelques heures après le camouflet infligé par Donald Trump au G7, le président américain est arrivé à Singapour pour le sommet avec Kim Jong-un. Une rencontre historique durant laquelle la question de la dénucléarisation de la péninsule coréenne devrait être au centre des discussions.
Le dirigeant nord-coréen, de son côté, est arrivé le dimanche 10 juin au soir à Singapour à bord de l’avion privé du Premier ministre chinois, Li Keqiang. Un fait significatif, estime le quotidien officiel chinois Huanqiu Shibao, qui rappelle l’engagement et la confiance de Pékin quant à l’ouverture du régime nord-coréen. “Les deux parties souhaitent le succès de ce sommet. Les États-Unis aspirent à la dénucléarisation, la Corée du Nord à la sécurité, ce qu’ils disent accepter. Il leur reste à surmonter le manque de confiance mutuelle pour parvenir à dessiner le cadre d’une feuille de route acceptable par tous.”
“Les incertitudes sur l’issue du sommet sont très élevées”, prévient néanmoins le journal. “Les analyses peuvent diverger. Mais l’opinion mondiale espère que le sommet Trump-Kim sera couronné de succès. La fin des hostilités dans la péninsule et des avancées vers une paix durable sur la base de la dénucléarisation, tels sont les espoirs communs à la communauté internationale”.
La présence de Kim à Singapour est en soi une avancée, note encore le titre Huanqiu Shibao. “Les dirigeants nord-coréens vont très peu à l’étranger et jamais l’un d’entre eux n’avait mis les pieds chez un allié politique et militaire des États-Unis.” Un signe de la confiance qu’a bien voulu accorder Pyongyang aux règles diplomatiques “et un indice du fait que les dirigeants nord-coréens ont l’intention de s’y conformer et de s’appuyer sur elles pour résoudre de très grands problèmes”.
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Dernières négociations
Les équipes de négociateurs ont poursuivi leurs travaux, lundi 11 juin, pour aplanir les derniers problèmes avant la rencontre entre les deux chefs d’État, mais ces derniers sont restés discrets. Lors d’un déjeuner de travail avec le Premier ministre singapourien, Lee Hsien-loong, Donald Trump a tout de même salué l’accueil réservé par la cité-État et déclaré que “les choses se passer[aient] bien” avec Kim Jong-un.
Pour le journal de Singapour The Straits Times, des éléments aussi anecdotiques que la nourriture ou l’accès à un lieu pour fumer entrent en jeu dans la réussite du sommet. Car si Trump ne fume pas, Kim est un grand fumeur et aime boire.
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Deux hommes imprévisibles
The Straits Times note combien l’issue du sommet reste incertaine, “notamment du fait des personnalités irrationnelles des deux dirigeants.” Ainsi, Victor Cha, à la tête de la chaire sur la Corée au centre d’études internationales et stratégiques, avertit : “Attendons-nous à des surprises. Ces deux dirigeants aiment faire des choses qui prennent les gens de court.” ”Les deux hommes pourraient bien s’entendre car ils se ressemblent. Ils sont bruyants, aiment la confrontation et l’attention, et affectionnent la stratégie de la corde raide.”
Kim a fait preuve de “déférence” à l’égard des dirigeants sud-coréens et chinois lors des rencontres précédentes. Ce qui “ne devrait pas se répéter avec M. Trump”, selon le The Straits Times. Kim a sans doute accordé à M. Xi, 64 ans et Moon, 65, l’estime due aux aînés dans la culture asiatique. Sans compter le fait que “la Chine demeure le plus grand soutien de la Corée du Nord et que la Corée du Sud est vue comme un membre de la famille.” Mais il est peu probable que Kim se comporte de la même façon avec le président américain. “Cette rencontre aura quelque chose d’un rapport de forces,” juge le journal.
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Nouvelle légitimité internationale pour Pyongyang ?
“Kim Jong-un peut-il rejoindre la communauté internationale ?” questionne le quotidien sud-coréen Chosun Ilbo. En tout cas, constate le journal, “c’est la première fois depuis 34 ans qu’un dirigeant nord-coréen met le pied dans un territoire étranger autre que la Russie ou la Chine.”
À son arrivée, Kim a rencontré le chef du gouvernement singapourien, Lee Hsien-loong, “comme n’importe quel autre dirigeant”. Depuis qu’il est arrivé au pouvoir en 2011, Kim Jong-un a donné les signes d’une volonté de changement, avance le journal conservateur : “ne serait-ce qu’en prenant l’avion pour Singapour, il se démarque de son père, qui avait une peur pathologique de l’avion et ne se déplaçait qu’en train blindé”.
Avec courrierinternational