Selon des experts, la création et l’intensification du recours aux technologiesvisant à accroître la productivité agricole et à lutter contre le changement climatique en Afrique subsaharienne nécessitent la formulation et la mise en œuvre de cadres politiques faisant appel à des solutions innovantes.
Ces politiques, selon les experts, devraient être synchronisées à partir de secteurs clés tels que l’agriculture, l’énergie et les transports, pour aider à relever le défi du changement climatique.
Ce diagnostic posé lors du premier Sommet africain sur l’agriculture intelligente face au climat, qui a eu lieu au Kenya le mois dernier (15-16 mai), a donné l’occasion aux experts de souligner la nécessité d’aider à l’amplification de l’utilisation des technologies.
Le sommet a réuni plus de 400 experts venus des quatre coins du monde, avec des participants de pays africains tels que le Ghana, le Kenya, le Malawi, le Nigeria, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie.
Le sommet organisé par Aid and International Development Forum (AIDF), une organisation basée en Grande-Bretagne, en collaboration avec des partenaires tels que le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a permis aux chercheurs, décideurs, agriculteurs et acteurs du secteur privé de discuter de partenariats, d’innovations et de financement pour une agriculture “climato-intelligente.”
“Nous avons testé des technologies agricoles intelligentes pour le climat, mais nous ne les avons pas intensifiées.”
Noble Banadda, Université Makerere, Ouganda
Selon les experts, l’Afrique subsaharienne dispose de technologies et d’innovations telles que des kits d’irrigation solaire, des semences de qualité supérieure et des cultures en serre qui peuvent aider le continent à atténuer le changement climatique ou s’adapter et améliorer la production agricole, mais des écarts persistent dans leur intensification et leur durabilité.
“Nous avons testé des technologies agricoles intelligentes pour le climat, mais nous ne les avons pas intensifiées”, a déclaré Noble Banadda, président du département de génie agricole et des biosystèmes de l’Université de Makerere, en Ouganda. Cela, a-t-il expliqué, est dû à l’absence de cadres institutionnels ou de lignes directrices pour l’adoption et l’extension des innovations.
Selon Richard Munang, coordinateur du Programme régional africain du PNUE pour le changement climatique, l’agriculture est le seul secteur capable de réduire la pauvreté sur le continent, mais elle est menacée par les changements climatiques. Une augmentation de 1% des températures au Kenya est susceptible d’entraîner une réduction de 14% de la production agricole, estime-t-il.
Richard Munang a par ailleurs ajouté que l’insécurité alimentaire en Afrique est aggravée par les pertes après récolte et les conditions météorologiques extrêmes telles que les sécheresses et les inondations, qui conduisent à une production agricole insuffisante.
Il a appelé à la mise en place de directives dans des secteurs clés tels que les institutions académiques, les gouvernements, la société civile et le secteur privé, pour aider à stimuler l’intensification de l’utilisation des technologies agricoles.
Nick Henry, le fondateur d’AIDF, a pour sa part déclaré que l’agriculture climato-intelligente va de pair avec les objectifs de développement des pays africains, citant le programme du Kenya sur la sécurité alimentaire, la santé, le logement abordable et la manufacture.
Il a ensuite exhorté les principales institutions de développement à contribuer à l’intensification des technologies climato-intelligentes, telles que les variétés de semences tolérantes à la sécheresse, pour stimuler la production agricole.
Asanterabi Sang’enoi, économiste principal au cabinet du Premier ministre tanzanien, a déclaré à SciDev.Net que l’autonomisation des jeunes et des femmes, en fournissant des fonds d’entreprise, pourrait aider l’Afrique subsaharienne à développer des technologies climato-intelligentes.
“Les jeunes et les femmes sont très importants dans la mise à l’échelle des technologies agricoles”, a déclaré Asanterabi Sang’enoi, ajoutant qu’il est nécessaire de renforcer ces groupes, en particulier dans les zones rurales, pour améliorer la durabilité des technologies pilotes.
Avec scidev