Dans un rapport diffusé ce 4 juin, la Cour des comptes pointe les faiblesses de la formation des enseignants et esquisse des pistes de réforme. Si elles sont suivies par le ministre de Education, ces propositions pourraient être effectives en 2020.
La formation des enseignants sera-t-elle la prochaine réforme d’envergure menée par le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer ? C’est ce que laisse penser la diffusion, ce 4 juin par la Cour des comptes, d’un référé sur la mise en place des Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE), rapporte Le Monde.
Le document est paraphé par le premier président de l’instance, Didier Migaud, et a été adressé le 12 mars dernier aux ministres de l’Education et de l’Enseignement supérieur. Le texte contient plusieurs propositions de réforme de la formation des enseignants et de leurs attributions. Tout d’abord, le développement de la bivalence, c’est-à-dire la maîtrise d’au moins deux disciplines. La professionnalisation dès la licence est également évoquée, les enseignants ne recevant pas aujourd’hui de formation pratique avant leur entrée en master. Enfin, est proposée l’instauration d’une présélection en troisième année de licence, sous la forme d’épreuves admissibilité aux ESPE. Les épreuves d’admission, aujourd’hui en fin d’année de master 1, seraient elles déplacées au cours de l’année.
Ces évolutions inquiétent l’un des principaux syndicats des personnels de l’enseignement supérieur, le SGEN-CFDT. «Il faudrait plutôt passer le concours entier à la fin du master 2. Le master doit pouvoir exister sur quatre semestres consécutifs sans épreuve, pour optimiser la formation professionnelle des enseignants», explique un de ses représentants cité par Le Monde.
La Cour pointe les lacunes des futurs enseignants en français et en mathématiques
Le texte de la Cour des comptes déplore aussi que la «couverture territoriale» de l’affectation des aspirants soit «insuffisamment resserrée et régulée par le ministère». Dans la ligne de mire de ses auteurs également : des «écarts excessifs des taux de sélectivité des concours» qui n’ont pas garanti «une élévation du niveau de compétences disciplinaires, ni une professionnalisation nettement accrue». En résumé, ni la création du master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, ni l’allongement du temps d’études désormais fixé à bac +5, ni la rénovation des concours, n’ont été efficaces, selon la Cour. Elle pointe enfin les lacunes de l’enseignement des étudiants en français et en mathématiques et propose une licence spécialisée avec une discipline majeure mathématiques et une discipline mineure en français, ou l’inverse.