Le Canada va présenter une demande d’adhésion à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII), une structure créée par Pékin pour rivaliser avec la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement, a annoncé le ministre canadien des Finances, le 31 août, à Pékin. «Le Canada est toujours à la recherche de moyens de créer de l’espoir et des opportunités pour sa classe moyenne et pour les gens du monde entier», a déclaré Bill Morneau (photo), dans un communiqué. «Être membre de la BAII est une opportunité d’accomplir cela», a-t-il ajouté.
Cette annonce intervient à l’occasion d’une visite en Chine du Premier ministre canadien Justin Trudeau, avant un sommet des dirigeants du G20 les 4 et 5 septembre.
Lancée en juin 2015, la BAII compte 57 membres fondateurs parmi lesquels figurent une vingtaine de pays occidentaux, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Elle vise à financer des projets d’infrastructures en Asie, dont une ligne de chemin de fer colossale reliant Pékin à Bagdad.
L’attachement de Pékin à mettre en place cette institution de financement multilatéral reflète sa frustration devant la domination américaine sur la gouvernance des différents bailleurs de fonds multilatéraux déjà existants, notamment la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement.
Les Etats-Unis ont appelé récemment les pays souhaitant rejoindre l’AIIB à patienter jusqu’à ce que cette institution fasse preuve d’un respect des normes de gouvernance et des standards environnementaux et sociaux. Mais cet appel n’a pas été pris en considération par de nombreux pays à travers le monde.
Washington soupçonne Pékin de vouloir utiliser la BAII pour favoriser ses entreprises et servir ses propres intérêts géopolitiques. La Chine détient en effet 30 % du capital de l’institution et 26 % des droits de vote, alors que l’Inde, deuxième actionnaire, vient très loin derrière avec 8,4 %.
Avec Agence Ecofin