Le rythme de croissance annuelle du crédit bancaire a décéléré à 2,6% en avril 2018, après avoir atteint 3,2% un mois auparavant, indique Bank Al-Maghrib (BAM), dans ses dernières statistiques relatives au mois d’avril 2018.
L’encours du crédit bancaire a atteint 829,5 MM DH à fin avril 2018. Faisant du sur place entre mars et avril, l’encours semble avoir du mal à se trouver une tendance. Pour l’heure, il affiche une baisse de 1,6% par rapport à fin décembre 2017. Durant ces quatre premier mois de l’année, le ralentissement de la croissance du crédit bancaire reflète notamment une accentuation de la baisse des crédits de trésorerie. Ces facilités ont, en effet, reculé de 2,8% par rapport à fin décembre 2017 puis de 0,7% entre mars et avril 2018. La baisse est plus marquée en glissement annuel avec 4,5%. Du côté des prêts immobiliers ceux-ci ont progressé de 0,3% en un mois, contre 1% sur les quatre premiers mois de l’année et 3,1% en glissement annuel et ceux à la consommation de 5,4% contre 4,7% au cours de la même période. Depuis 2015, les taux se sont placés en dessous de la barre des 6%. Le troisième trimestre a été particulièrement attrayant avec un taux moyen de 5,09%. Ceci étant, ce sont les prix des biens qui freinent les ménages dans leur projet d’acquisition. Le prix des actifs immobiliers ont augmenté de 4,9% en 2017 d’après Bank Al-Maghrib. Les biens résidentiels se sont renchéris de 4,5% dont une hausse de 5,8% pour les appartements. Cette tendance semble se poursuivre durant ce premier trimestre 2018, ce qui expliquerait en partie le ralentissement de la croissance de l’encours du crédit. En face, les établissements bancaires ont de plus en plus de mal à trouver des emprunteurs solvables.
Baisse des taux débiteurs
L’encours des créances en souffrance relative aux ménages a augmenté de 3,1% entre mars et avril. Quant aux crédits à l’équipement, leur rythme est resté quasiment stable d’un mois à l’autre. Les prêts accordés aux administrations locales affichent un repli de 3,4% comparé au mois de mars 2018 et de 4,7% par rapport à fin 2017. Les sociétés financières publiques et privées ont fait quasiment du sur place (+0,6%). Le retard dans la formation du gouvernement avait perturbé les investissements des administrations et des entreprises publiques. Le crédit à la consommation a connu une progression de 1% d’un mois à un autre et de 2,5% depuis le début d’année, grâce en partie au lancement des banques participatives et du plan de relance des pouvoirs publics attendu pour le secteur.
Par secteur institutionnel, la croissance des concours alloués au secteur non financier s’est inscrite en décélération passant de 4,3% à 4,1%, attribuable au ralentissement du rythme de progression des crédits aux entreprises non financières publiques à 18,4% au lieu de 25,4%. Les concours au secteur privé ont, en revanche, vu leur taux passer de 2,7% à 2,9%, avec une hausse de 2% après 1,5% de la croissance des prêts alloués aux sociétés non financières privées et une quasi-stagnation de celle des crédits aux ménages à 4%. Pourtant à fin mars 2018, le taux moyen pondéré global a reculé de 15 points de base par rapport au trimestre précédent pour se situer à 5,62%. L’intensité de la concurrence au sein du secteur bancaire serait un des facteurs à prendre en considération dans cette baisse. Dans le détail, les taux ont reculé de 21 points de base (pbs) à 5,64% pour les prêts de trésorerie et de 26 pbs à 5,16% pour les prêts immobiliers. Pour les prêts à l’équipement et à la consommation, ils sont restés quasi-stables à 5,33% et 6,59% respectivement. Un retrait des taux débiteurs qui est imputable en partie à la baisse des taux des bons du Trésor sur le marché des adjudications au cours de la même période (recouvrant une petite correction en janvier due à l’entrée en vigueur de la réforme du régime de change). L’encours des créances en souffrance continuent d’augmenter. Il s’établit à plus de 64 MMDH conte 63 MMDH à fin 2017 et 61 MMDH à fin 2016, reflétant ainsi la situation des portefeuilles des banques. À croire que 2018 va sur les traces de 2017, «anus horribilis» pour le crédit bancaire marocain.
Or pour 2018, Bank Al-Maghrib anticipait une croissance de 4,5% du crédit. Tandis que les banques plus optimistes prévoyaient une progression de plus de 6%. L’année dernière a été éprouvante pour le secteur et la décélération s’était d’ores et déjà bien installée. Le taux de croissance est passé de 4,2 % en décembre 2016 à 2,9 % à la fin de l’année 2017. La baisse était quasi généralisée. Les postes tels que les crédits à l’équipement, les crédits à la consommation, ainsi que l’encours des créances ont été plus touchés. En réalité, le ralentissement était plus marqué que sur le papier (autour de 2% contre 2,9%) suite à l’effet de l’inflation, les dations en paiement, ou encore aux plans de reprofilage des dettes entamés par certaines entreprises. Aussi, selon le HCP, les ménages marocains, encore sous-équipés, estimaient que la conjoncture est défavorable pour des acquisitions de biens durables pourtant le taux de bancarisation au Maroc atteint des niveaux inédits (+de 70 %).
Avec leseco