Alors que le chef de l’Etat félicite ce parti politique pour sa participation, le préfet du Mfoundi condamne le comportement de certains militants.
Le passage des militants du Social Democratic Front (SDF) le 20 mai dernier, lors du défilé civil sur le Boulevard, à Yaoundé, n’est pas du goût pour le préfet du département du Mfoundi. Dans une correspondance datée du 25 mai dernier et adressée au président national de cette formation politique, Ni John Fru Ndi, Jean Claude Tsila, en sa qualité de président de la souscommission du défilé civil des partis politiques, exprime son courroux sur la violation des consignes et orientations données lors des réunions préparatoires par les militants du « parti de la balance » dans la région du Centre.
Le préfet exprime la « totale désapprobation des pouvoirs publics » quant à la prestation des militants du SDF. « […] ces militants […] se sont malheureusement fait remarquer par des attitudes et agissements atypiques et immoraux affichés lors de leur passage devant les tribunes officielles », déplore le préfet. Jean Claude Tsila ajoute que ladite prestation discrédite désormais l’ensemble des représentants et des militants de cette formation politique de l’opposition dans son territoire de commandement et met en évidence « leur immaturité ainsi que la légèreté avec laquelle ils se comportent ».
Dysfonctionnement administratif
En rappelant au président national du SDF que le Cameroun n’est pas une « République de tout possible », Jean Claude Tsila fait savoir à Ni John Fru Ndi que l’attitude de ses défilants est un « défi à l’Etat et un véritable mépris » vis-à-vis des institutions de la République et fait observer que si les droits de ne pas être d’accord et de le manifester sont reconnus, ils ne sauraient toutefois exclure le devoir de respect envers les institutions et les personnes qui les incarnent. Par ailleurs, le « chef de terre » invite le chairman du SDF à « reprendre en main et à rappeler à l’ordre » ses militants car, ce « spectacle aussi hideux et indigne » ne sera plus toléré à l’avenir.
Cette sortie du préfet rame à contre-courant de la correspondance adressée au chairman Ni John Fru Ndi cinq jours plus tôt par le président de la République. Paul Biya salue la « participation et l’engouement manifesté par les militantes et militants » du SDF, tout en souhaitant que ces derniers soient sensibilisés « afin qu’ils contribuent toujours davantage à la paix et à la concorde, pour un meilleur vivre-ensemble dans [notre] cher et beau pays ».
Aucune allusion aux comportements jugés immoraux de certains sociétaires du SDF. La présidence de la République ayant pris l’habitude de préparer (avant le défilé) et d’adresser mécaniquement les lettres de félicitations dans les mêmes termes à différentes catégories de participants à la fête de l’Etat unitaire, il semble évident que la correspondance adressée au SDF n’a pas été actualisée.
Quant à elle, la lettre du préfet semble avoir été élaborée après les différents débriefings de la parade militaire et civile. En réponse à la sortie de Jean Claude Tsila, le président régional du SDF pour le Centre révèle que le passage du SDF sur le Boulevard du 20 mai n’a pas fait l’objet d’une concertation interne, mais était simplement une « stratégie adoptée par les militants ». Emmanuel Ntonga pense que la sortie épistolaire du préfet du Mfoundi n’a pas lieu d’être et qu’elle constitue un scandale.
« Contredire le chef de l’Etat, c’est un acte grave ! Nous avons reçu une lettre de félicitations le 20 mai. Cinq jours après, le préfet déclare autre chose », enrage-t-il, avant de décocher une dernière flèche contre Jean Claude Tsila, qui « doit prendre sa retraite. Il n’a plus la tête aux affaires. Il ne peut plus gérer un département comme celui du Mfoundi ».
Avec 237online