La croissance française du premier trimestre a été révisée en baisse, et l’activité devrait rester faible au deuxième…
L’activité économique a ainsi marqué un coup d’arrêt par rapport à la croissance du quatrième trimestre 2017 (0,7%) et des trimestres précédents, révisés à la hausse par l’institut statistique (0,8% pour le premier trimestre et 0,7% pour les deuxième et troisième trimestres). “Le fait qu’il y ait une révision à la baisse n’a en soit rien de dramatique, c’est assez habituel au premier trimestre”, observe Alexandre Vincent, économiste à l’institut Coe-Rexecode.
“On avait encaissé la nouvelle que le premier trimestre n’était pas très bon dès la première estimation: le ralentissement se profilait, il est maintenant engagé”, souligne-t-il néanmoins. Les investissements des entreprises se sont ainsi effondrés, passant de +1,2% au dernier trimestre 2017 à +0,1% le trimestre suivant. En cause essentiellement, le repli de l’investissement en biens manufacturés (−1,3% après +1,6% au dernier trimestre 2017). “Il y a eu un ajustement au premier trimestre après une fin 2017 pas soutenable en termes d’évolution”, estime Philippe Waechter, économiste chez Natixis AM, selon lequel les entreprises “reprennent leur souffle”.
L’investissement des ménages a lui aussi marqué le pas, avec une croissance de 0,2% contre 0,6% au trimestre précédent, “en raison d’un ralentissement dans le secteur de la construction” selon l’Insee. La consommation est pour sa part restée “atone”, progressant de 0,1% entre janvier et mars, contre 0,2% lors des trois mois précédents. “Le chômage reste élevé, il n’y a pas eu d’accélération des salaires, et le pouvoir d’achat a été écorné par certaines mesures fiscales” entrées en vigueur début 2018 (hausse de la contribution sociale généralisée et de la fiscalité sur les carburants et le tabac), explique Alexandre Vincent. Le commerce extérieur, qui s’était fortement redressé entre octobre et décembre, a quant à lui eu un effet nul sur la croissance : les exportations ont ainsi reculé de 0,3% (après +2,3%), mais ce recul a été compensé par une baisse similaire des importations (-0,3% après +0,1%).
Ce coup de mou ne remet toutefois pas en cause à ce stade l'”acquis de croissance” pour 2018 – c’est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait si l’activité stagnait d’ici à la fin de l’année. Selon l’Insee, ce dernier se maintient à 1,2%, en raison de la dynamique héritée de l’année 2017, marquée par une croissance soutenue de 2,2%, soit le plus haut niveau de croissance en France depuis 10 ans. Reste que ces statistiques envoient un signal inquiétant, d’autant que la tendance qui se dégage pour le deuxième trimestre n’est guère encourageante : selon la Banque de France, la croissance devrait en effet continuer à patiner au printemps, sur un rythme de 0,3%. Plusieurs indicateurs ont confirmé ces derniers jours le ralentissement économique à l’oeuvre dans l’Hexagone.
Le climat des affaires, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprises, s’est ainsi replié de deux points en mai, pour le cinquième mois consécutif. Quant aux dépenses de consommation des ménages en biens, elles ont diminué de 1,5% en avril, d’après l’Insee. “Ces évolutions indiquent que la croissance française devrait rapidement redescendre vers 1,5%”, s’est alarmé sur Twitter l’économiste Marc Touati, enseignant à Sciences Po, jugeant la croissance “en danger”. Moins pessimiste, Philippe Waechter s’inquiète toutefois pour sa part de l’impact de la crise politique en Italie. “Il y a l’idée que l’économie européenne est engluée de nouveau dans quelque chose de préoccupant”, indique-t-il. Cela “peut modifier les anticipations et pénaliser la croissance”, attendue par le gouvernement à 2% cette année.
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