Pour la première fois, la Ticad, la Conférence de Tokyo pour le développement de l’Afrique, s’est tenue en Afrique, à Nairobi, ce week-end, en présence, notamment du Premier ministre japonais Shinzo Abe et de 32 chefs d’Etat africains
Si le Japon a annoncé investir 27 milliards de dollars en Afrique sur les trois prochaines années, dont 10 milliards dans le développement des infrastructures, le Premier ministre nippon a surtout créé la surprise, souligne notre confrère Jeune Afrique, en regrettant, dès l’ouverture de la Conférence, l’absence d’un Etat africain parmi les membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies. A noter que le Japon lui-même n’en fait pas partie, certains estimant qu’une des raisons de l’intérêt si vif de Tokyo pour l’Afrique est précisément pour attirer des soutiens dans cette volonté de réforme du Conseil.
Ceci dit, l’essentiel de la Conférence a porté sur le soutien du Japon à l’Afrique et la volonté de Tokyo de développer des partenariats public-privé permettant de lever € 18 milliards supplémentaires sur des projets notamment d’infrastructures, d’énergie et de santé. Un accord d’investissement a été signé avec le Kenya et des négociations ont été ouvertes avec la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara étant parmi les chefs d’Etat africains présents.
La Bad appelle à l’industrialisation à partir de l’agriculture
Ticad VI a aussi été l’occasion pour la Banque Africaine de Développement (BAD) de décliner les éléments de sa stratégie pour l’industrialisation de l’Afrique, notamment à partir de ses ressources agricoles. Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, de la tribune de la Ticad, a appelé les chefs d’Etat africains à ne pas se tromper dans leur politique agricole car ce secteur est une des voies clé pour générer de la croissance économique et pour adresser la question des jeunes et de l’emploi.
La BAD qui, avec l’Union africaine, la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, l’Onudi, a pour objectif de doubler le PIB du continent en 10 ans.
L’industrialisation de l’Afrique est d’autant plus nécessaire que l’exportation sur les marchés mondiaux de matières premières non transformées, dont le thé, le café, etc. conduit bien souvent à des excédents sur les marchés mondiaux et donc à une baisse de leurs prix. D’où l’importance de transformer et de produire davantage pour le marché continental.
Mais pour produire, il faut des coûts de facteurs moins élevés et la BAD compte investir environ 11 milliards de dollars ces 5 prochaines années, et lever ainsi 40 autres milliards de dollars, pour réduire le prix de l’énergie. Il a, notamment, fait référence aux quelque 300 milliards d’euros détenus par des fonds de pension africains et qui pourraient être investis.
Dans le cadre de cette impulsion nécessaire au continent, le président de la BAD appelle à l’unification des bourses africaines pour accroître les marchés nationaux et créer un marché obligatoire plus important permettant aux entrepreneurs de lever plus facilement des fonds.
Avec Agrici