Entrepreneur insatiable, Okey Esse a créé Powerstove, un fourneau à bois qui permet d’optimiser la consommation de combustible, limitant ainsi les dépenses, mais également les émissions de gaz à effet de serre. Son invention permet par ailleurs de produire de l’électricité hors réseau en récupérant l’énergie en trop durant le temps de cuisson. D’ici 2020 un million d’Africains pourraient par ce biais avoir accès à l’électricité. Rencontre avec Okey Esse, fondateur de Powerstove, qui a déjà remporté de nombreux prix, dont celui de la «Start-up Énergie de l’année» aux Africa 2018 Awards, à Casablanca.
Pouvez-vous nous rappeler votre parcours, avant la fondation de Powerstove ?
Okey Esse : Je suis né et j’ai grandi au Nigeria. Je suis entrepreneur et investisseur, avec une douzaine d’années d’expérience passées à transformer des idées en produits, puis en profits. J’ai notamment créé cinq entreprises, et inventé Powerstove. Je suis aussi diplômé en électronique, ce qui m’a aidé dans la conception de Powerstove.
Comment est né le projet Powerstove ?
L’idée m’est venue en 2016. Depuis, nous avons créé plusieurs versions, afin d’améliorer en permanence notre produit et le rapprocher de son but, à savoir un fourneau propre, bon marché, qui ne soit pas une menace pour la santé, qui aide les femmes, protège l’environnement, améliore la vie quotidienne, et fournisse un accès à l’électricité pour un million de foyers d’ici 2020.
Comment fonctionne Powerstove ?
Powerstove est le premier fourneau portable et autonome au monde qui génère également de l’électricité et permet d’économiser 70% de biomasse. Tout se passe dans la chambre de combustion. On peut utiliser du charbon, du bois, des brindilles, ou des pellets, selon la disponibilité. Quand la température y est suffisamment élevée, un système comportant 85 jets d’air disséminés dans la chambre de combustion permet d’injecter la quantité d’oxygène idéale, directement dans le feu. Cela permet une combustion optimale du combustible.
Les fumées noires qui sortent des cheminées de fourneaux classiques signifient simplement que le combustible est mal brûlé. Powerstove permet non seulement d’économiser du combustible, mais également d’émettre moins de particules polluantes et de gaz à effet de serre.
Powerstove produit également de l’électricité puisqu’il doit être autonome…
Une partie de la chaleur est prélevée de la chambre de combustion pour être convertie en électricité grâce à un phénomène thermoélectrique appelé effet Seebeck. Il fonctionne selon le principe des différentiels de chaleur, ce qui signifie qu’il faut un côté chaud et un autre froid.
Plus le foyer est chaud, plus le fourneau produira donc de l’électricité. Une partie de cette électricité est utilisée pour alimenter le système d’injection d’air -ce qui améliore par la même occasion la production d’électricité- le reste peut être utilisé pour charger un téléphone ou stocker en batterie. Powerstove produit jusqu’à 50 watts en continu.
La production devait être lancée en mars 2018, mais elle a été reportée. Pourquoi ?
Nous avons repoussé le lancement à juillet, car nous avions énormément de réunions cruciales. Il y a notamment eu cette visite de nos bureaux par Yemi Osibanjo, le vice-président du Nigeria. Il y a aussi eu des retards de livraison du matériel pour notre usine de production d’Abuja, dans le centre du pays. Mais les choses rentrent dans l’ordre, et les commandes affluent.
Pensez-vous que les énergies renouvelables soient la solution pour le développement de l’Afrique ?
Elles sont le futur. Et l’Afrique a un avantage, à condition que nous en prenions conscience et que nous y travaillions pour en faire une réalité. Le monde commence à prendre le changement climatique très au sérieux.
Je pense que l’Afrique devrait prendre le leadership dans ce domaine, en mettant en valeur son climat idéal pour l’exploitation de l’énergie solaire, sa population jeune, et un environnement économique plutôt favorable à l’investissement.
Avec latribune