Un projet de continuité pour garantir la paix et préserver la sécurité. En résumé, «voilà la raison pour laquelle je me porte candidat à la présidentielle» dont le premier tour est prévu le 29 juillet 2018. Au cours d’une allocution télévisée ce lundi 28 mai 2018, Ibrahim Boubacar Keïta a mis le cachet officiel sur ce qui n’était encore que certitude encadrée de doutes. Face à une dizaine de candidatures dont des ex-membres de son administration, le président sortant s’aligne sur la ligne de départ pour rempiler sur le fauteuil de Koulouba.
Certains s’accrochaient encore à l’espoir de voir Ibrahim Boubacar Keïta renoncer à la candidature à sa propre succession, en suivant les pas de la renonciation de son ami François Hollande, avec qui il partage l’Internationale socialiste. Ils ont vite déchanté avec cette allocution ce lundi 28 mai, sur les antennes de l’ORTM, la télévision publique malienne.
Un cachet officiel sur un secret de polichinelle
Debout devant un pupitre, le président malien a mis un cachet officiel sur ce qui n’était encore que spéculations même si plus personne ou presque ne doutait de sa teneur. Avec les soutiens engrangés depuis quelques mois et les tournées intempestives de Soumeylou Boubèye Maïga, son premier ministre, tant à l’intérieur du pays que de la sous-région, on est bien loin de l’officialisation officieuse qui a caractérisé les soutiens de ces mouvements qui appelaient de leurs vœux, la candidature d’IBK. C’est désormais chose faite.
«Le Mali (…) m’a accordé le privilège de me dévouer aux commandes de la Nation alors que celle-ci traversait la phase certainement la plus complexe de son histoire moderne. Aujourd’hui, aucune ambition personnelle ne m’habite, aucune volonté de durer ne m’anime. Je ressens seulement le profond désir de poursuivre mon devoir qui est de servir au mieux le Mali en ces heures où les incertitudes ne sont pas encore totalement levées(…) Voilà la raison pour laquelle je me porte candidat à la présidentielle du 29 juillet 2018. Voilà pourquoi je vous demande de me renouveler votre confiance», a fait savoir le président malien dans une sorte de discours-bilan.
Le président malien sera bien sur la ligne de départ de la présidentielle dont le premier tour est prévu le 29 juillet prochain sans que le pays ne soit réellement dans les dispositions logistiques pour organiser cette élection cruciale pour l’avenir du Mali.
Aux prises avec le terrorisme depuis le coup d’Etat qui a renversé Amadou Toumani Touré, le pays n’est pas totalement contrôlé par l’Etat central. A côté du terrorisme, malgré l’accord de paix d’Alger de juin 2015 ou la conférence d’entente nationale, deux ans plus tard, le pays n’est toujours pas débarrassé de la rébellion qui sème les germes de la partition du pays. C’est justement ces dysfonctionnements qu’IBK se donne pour projet dans sa déclaration de résoudre avec un second bail au Palais de Koulouba à Bamako.
Une dizaine de candidats pour évincer IBK
«En tête des priorités, je placerai la sécurisation de notre territoire national. Les conséquences de la crise de 2012 ont été certainement plus profondes et la lutte contre le terrorisme beaucoup plus complexe que nous l’avions estimé. Mais les différents extrémismes doivent impérativement être défaits, car il en va du destin même de notre pays», fait savoir le président sortant malien.
Pourtant, la route vers le Palais de Koulouba sera parsemée d’embûches. Une dizaine de candidats sont bien decidés à l’empêcher de rempiler à la tête du pays. Soumaïla Cissé, dont l’appel a rempli le Stade du 26 mars, porte le drapeau de l’Union pour la république et la démocratie (URD) et tente de fédérer autour d’une candidature unique de l’opposition, projet qui ne manquera pas de faire mouche. Il a d’ailleurs reçu le soutien du parti Parena, de l’ex-ministre Tiébilé Dramé. Devant le refus de l’ancien président de transition, Dioncounda Traoré à porter les couleurs de son mouvement, une frange de l’Adema a décidé d’investir Dramane Dembélé.
Dans les starting-blocks également, deux anciens Premiers ministres, Moussa Mara et Modibo Sidibé. Ces derniers devront rivaliser avec l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo, soutenu par la puissante confrérie Tidjaniya. Il y a aura aussi les anciens ministres d’IBK, Mohamed Ali Bathily et Housseini Amion Guindo ou encore Moussa Sinko Coulibaly. Deux haut-fonctionnaires, Modibo Koné et Hamadoun Touré joueront également leurs chances. Kalifa Sanogo, le maire de la ville du Sud Sikasso, se découvre un destin national, là où Oumar Mariko espère aussi convaincre les Maliens. La présidentielle s’annonce plus que jamais serrée !
Avec latribune