Murielle Ahouré a remporté le 100m du meeting d’Oslo
En Afrique, le Nigeria n’est plus seul sur les pistes rouges. Depuis quelques années, le sprint ivoirien brille sur la scène continentale. L’année dernière, il s’est particulièrement illustré à Marrakech lors des championnats d’Afrique d’athlétisme : Wilfried Koffi devenant double champion d’Afrique sur 100 et 200 m.
Battue sur le fil par la Nigériane Blessing Okagpare dans l’épreuve reine, Murielle Ahouré s’est rattrapée dans le 200 m en finissant sur la plus haute marche. Sa compatriote Marie-Josée Ta Lou a décroché l’argent sur le 200 m et le 4 x 100 m, et le bronze sur le 100 m.
« Ces trois athlètes sont déjà qualifiés pour les championnats du monde de Pékin [qui se dérouleront du 22 au 30 août] », indique fièrement Dramane Djiguiba, le directeur technique national (DTN) de l’athlétisme ivoirien. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce succès.
Expérience internationale
S’entraîner à l’étranger est un atout non négligeable pour un athlète ivoirien. Pilier de la discipline dans son pays, Murielle Ahouré a découvert le sprint aux Etats-Unis, une nation qui a longtemps dominé la discipline. A Miami, la championne a notamment eu la possibilité de se frotter à des futures stars du sprint dans les compétitions universitaires. Résultat, l’Ivoirienne est actuellement vice-championne du monde en 100 et 200 m.
« C’est un modèle », déclare Wilfried Koffi. Contrairement à Murielle Ahouré, le double champion d’Afrique a commencé l’athlétisme en Côte d’Ivoire, à l’Institut national polytechnique de Yamoussoukro. Mais depuis 2010, il s’entraîne à l’étranger. L’athlète est parti faire son master d’économie appliquée à Shanghai.
« Partir en Chine m’a aidé dans mon développement. Dans ce pays, le sport est très important. J’ai pu concilier les études et les entraînements », raconte t-il. Pour s’entraîner, le sprinter a aussi décidé de travailler avec un étranger : l’Allemand Iwan Knut. Médaillé de bronze aux championnats d’Afrique de 2012, l’Ivoirien a travaillé ses points faibles pour finalement s’imposer en 2014.
« Les années précédentes, mes départs étaient mauvais sur 100 m. Le coach a également beaucoup insisté sur l’endurance et la vitesse, analyse le sprinteur. Ça vraiment payé dans ces championnats d’Afrique. »
Si le départ de Koffi pour la Chine lui a permis d’évoluer, ce dernier estime qu’il aurait également pu progresser en Côte d’Ivoire. Pour Anthony Koffi, coach de la sprinteuse Marie-Josée Ta Lou, vice-championne d’Afrique du 200 m et du 4×100 m (elle courra également le 100 m du Meeting Areva), on peut s’entraîner sur le continent et gagner des titres. « La Botswanaise Amantle Montsho, que j’ai entraînée en Afrique est devenue championne du monde du 400 m en 2011. » Il travaille actuellement avec Marie-Josée Ta Lou au centre international d’athlétisme de Dakar. « On peut réussir en Afrique tant que l’on fait un bon entraînement suivi d’un bon programme de compétition. »
Derrière Ahouré, Koffi, et Ta Lou, une nouvelle génération de potentiels talents commence à éclore. « Ces trois dernières années, il y a eu un gros développement du sprint ivoirien. Les autorités du pays se sont investies dans les sports individuels comme l’athlétisme et le taekwondo. Cela me réjouit de voir tous ces jeunes se donner afin d’obtenir de bons résultats pour notre pays », salue Wilfried Koffi.
Le renouveau
Pour comprendre les origines du renouveau du sprint ivoirien, il faut remonter à 2008. A cette époque, la direction technique nationale constate des insuffisances chez les entraîneurs. « Nous avons fait appel à l’Allemand Ralph Mouchbahani pour animer un séminaire de deux semaines à Abidjan », se souvient le DTN Dramne Djiguiba.
La fédération ivoirienne a organisé l’événement et convoqué tous les techniciens de régions. « Les domaines sur lesquels nous devions surtout travailler sont la technique, la coordination et la vitesse, explique le DTN. Avant, nous mettions l’accent sur les capacités physiques. Nous nous sommes rendu compte que même avec la force et l’endurance, on ne peut rien faire sans une bonne technique et une bonne coordination. »
Au niveau de la formation, la direction technique nationale s’est davantage focalisée sur les enfants de 13-14 ans (15 ans maximum). Des compétitions régionales ont été organisées pour repérer des talents. « Nous prenons trois filles et trois garçons par région », explique Dramane Djiguiba. Ces jeunes espoirs ont ensuite participé à une finale nationale et les meilleurs éléments ont intégré le centre national inauguré fin 2013.
Mais pour se hisser au plus haut niveau, l’athlétisme ivoirien doit encore progresser dans certains domaines spécifiques. « Nos infrastructures ne sont pas de très haute qualité comme en Europe. Nos pistes ont une trentaine d’années, rappelle Dramane Djiguiba. La Côte d’Ivoire devrait bientôt procéder à une rénovation de ses équipements en vue des Jeux de la francophonie qu’elle organisera en 2017. Malgré ce retard, les efforts fournis depuis 2008 apportent déjà des résultats. … suite de l’article sur Autre presse