Beaucoup semblent y voir l’esquisse d’une stratégie entre voisins et acteurs importants d’Afrique centrale pour accompagner la transition en République démocratique du Congo (RDC). Si cette hypothèse nourrie par les observateurs les plus avertis n’est pas à écarter, la visite de Joao Lourenço, qui entame une visite de travail de trois jours à Paris, est d’abord éco-stratégique en plus d’être diplomatique.
Son avion s’est posé ce dimanche à Paris. Depuis son élection à la tête de l’Angola en septembre 2017, c’est la première visite officielle de Joao Lourenço en France. Au programme de cette visite de travail du 28 au 30 mai, un déjeuner-entretien avec son homologue français Emmanuel Macron, prévu à 13h à l’Elysée. Après la signature d’accords économiques entre les deux pays, ce tête-à-tête sera suivi d’une conférence de presse au cours de laquelle les deux présidents devraient faire une déclaration commune.
«Sainte alliance» pour la crise en RDC
Mais bien avant cette déclaration, les conjectures ont déjà été lancées sur la teneur des entretiens entre Lourenço et Macron. Premier sujet avancé, la crise en RDC. Avec la visite remarquée dans la capitale française de Paul Kagamé, le président rwandais et chef d’Etat en exercice de l’Union africaine (UA), sa simultanéité avec la visite du président de l’Angola, une -avec le Rwanda- parmi les neufs voisins de la RDC, est frappante.
Présent à Paris pour la réunion sur la crise libyenne prévue mardi 29 mai à Paris, Denis Sassou Nguesso, le président congolais, devrait aussi prendre langue avec le président français sur la crise politique chez son voisin de l’autre rive du fleuve. Il semble qu’au plus haut niveau, entre les voisins de la RDC (Rwanda, Congo et Angola) et Paris, une sainte alliance se soit formée pour plancher sur la résolution de cette crise politique née de la volonté de Joseph Kabila de quitter le pouvoir, malgré l’expiration depuis décembre 2016 de son second mandat.
Cette solution viendrait peut-être d’une initiative portée par l’UA et soutenue par l’Angola et la France -à pied d’œuvre à l’ONU. Sur le plan diplomatique, l’opposition entre la «guerre des précarrés» entre la France et la Belgique sur la RDC semble être une des explications de ce déploiement diplomatique intense à Paris.
Lourenço, homme de l’ouverture, se taille une stature internationale
Cependant, la visite de Joao Lourenço ne va pas tourner seulement autour de son voisin. Avec la baisse des cours, le deuxième producteur africain d’or noir veut s’engager dans les voies de la diversification économique en se tournant notamment vers l’agriculture, la pêche, la transformation industrielle des produits issus de ces secteurs et les NTIC. Les entreprises françaises comptent donc se positionner comme des partenaires privilégiés.
Sur le plan économique pour Paris, dont les échanges avec l’Angola ont été divisés par deux, c’est le début d’un retour en grâce des entreprises françaises -excepté Total. Mais la posture est à inscrire dans la volonté de Paris de contrer l’avance de la Russie ou encore de la Chine, sur fond de course au partenariat économique privilégié.
Au-delà du volet économique de cette visite, Joao Lourenço se taille de plus en plus la stature internationale d’un homme politique qui peut peser sur les grands enjeux, notamment sous-régionaux. Il côtoie lesf puissants et discute des grands thèmes. Un argument qui détonne sur le plan intérieur où tout de suite après le passage de relais entre José Eduardo Dos Santos, son prédécesseur, et lui, le nouveau président s’est posé en homme de l’ouverture économique et politique.
Avec latribuneafrique