Les autorités togolaises ont annoncé cette fin de semaine une revue à la baisse du budget de l’Etat 2018, de 1 318 milliards de francs CFA initialement prévus, à 1 308 milliards de francs CFA, soit une coupe de 1%. Ce réajustement budgétaire s’expliquerait par la crise politique que traverse le pays depuis août 2017 et qui entrave l’activité économique.
Le Fonds monétaire international (FMI) ne s’y est pas trompé en avertissant les autorités togolaises sur les effets de la crise sociopolitique que connaît le pays depuis près de dix mois déjà. Alors que le gouvernement lui-même annonçait il y a quelques semaines que la crise avait fait reculer le volume des investissements dans le pays l’année dernière, le voici qui annonce avoir effectué, sous l’effet de la crise, une revue à la baisse du budget 2018 de l’Etat.
Le nouveau projet de Loi des finances adopté par le conseil des ministres vendredi 25 mai fait état d’un budget de 1 308 de Fcfa, contre 1 3180 milliards prévu initialement.
«Le projet de loi des finances rectificative est rendue nécessaire par l’évolution de la conjoncture socioéconomique et financière dans notre pays, caractérisée par la crise sociopolitique émaillée de violences qui a affecté négativement depuis le second semestre 2017, l’activité économique, réduisant de ce fait le niveau de mobilisation des recettes fiscales et douanières», explique le communiqué du gouvernement sanctionnant le conseil des ministres togolais en rappelant que cette situation n’est pas inédite.
«Cette situation observée au titre de la gestion 2017 se ressent également sur l’exécution du budget 2018 pour lequel le niveau de recettes fiscales recouvrées au cours du premier trimestre n’a pas atteint l’objectif fixé», précise le gouvernement dans son communiqué.
Augmentation des dépenses
Pour le gouvernement, le contexte qui prévaut à cette démarche stratégique est aussi empreint de l’augmentation du niveau des dépenses avec la satisfaction de nouveaux besoins sociaux, liés notamment aux revendications des agents des secteurs de l’éducation, à l’augmentation des subventions aux universités de Lomé́ et de Kara, ainsi qu’aux enseignements confessionnels, mais également la prise en compte de nouvelles demandes d’investissements financés sur ressources propres.
«En outre, face aux nombreux besoins à satisfaire, conjugués aux défis de mobilisation des ressources internes, le gouvernement a jugé utile de s’orienter vers l’optimisation des dépenses publiques», a ajouté le communiqué.
Notons qu’à l’occasion du même conseil des ministres, le chef de l’Etat, Faure Gnassingbé a «fortement recommandé aux membres du gouvernement de prendre toutes les mesures idoines pour impliquer davantage les investisseurs privés nationaux et internationaux qui s’intéressent» au Togo.
Gnassingbé a ainsi souhaité que les ministres soient plus disponibles pour étudier les projets du secteur privé national et international afin d’augmenter significativement la part des investissements privés dans l’économie togolaise. Malheureusement, la crise serait loin de connaître son épilogue.
Démarrée en août 2017 suite à une divergence de point de vue sur des réformes constitutionnelles, cette dernière oppose le gouvernement à une coalition de quatorze partis politiques de l’opposition qui a manifesté son désaccord à travers des marches anti-gouvernement d’août 2017 à début février 2018, très souvent émaillées de graves violences.
Avec la médiation des présidents ghanéen Nana Akufo-Addo et guinéen Alpha Condé, les manifestations ont été quasiment suspendues, mais sans réelle avancée vers le dénouement de la crise. Une situation qui préoccupe de plus en plus la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement se tiendra en juin prochain à Lomé, avec assurément sur la table la question togolaise.
Avec latribune