Les fleuristes ouverts en continu sont si répandus en Russie que l’on pourrait se demander pourquoi les Russes ont autant besoin de vendeurs de fleurs tout au long de la journée et de la nuit. Qu’est-ce qui peut bien pousser les clients à se rendre dans une telle boutique à 4h du matin ?
Scénario du «Facteur surprise»
De manière générale, les Russes sont ravis de pouvoir faire une surprise à leur âme sœur, mais parfois cette dernière peut rendre les choses un peu compliquées. Et c’est précisément là que les fleuristes ouverts 24h/24 s’avèrent pratiques.
Stanislav Kalachnikov, 28 ans, se remémore une fois où il a eu recours à un fleuriste ouvert 24h/24 à Moscou : « La Saint-Valentin approchait rapidement et je comptais amuser ma copine avec un cadeau. Mais un peu avant le jour J, elle a commencé à se demander quels étaient mes plans et cette attention rapprochée a menacé de ruiner ce que j’avais en tête. J’ai dû mettre en scène une dispute juste avant la Saint-Valentin, uniquement dans le but d’éviter les dégâts qu’aurait pu causer sa curiosité envahissante. Ensuite, à minuit j’ai pris son cadeau, je suis passé chez un fleuriste local ouvert en continu, ai acheté un joli bouquet, et ai pris la direction de son domicile. Des larmes, des baisers et un pardon total ont suivi. Ça a réellement été une surprise ».
Scénario du «Mari coupable»
Nous faisons tous des erreurs de temps à autre. Les hommes russes sont particulièrement astucieux en la matière. Imaginez que vous rencontrez un ancien ami alors que vous rentrez à la maison après une longue journée de travail. Il vous invite à boire un coup, puis un autre. Vous vous doutez bien que nombreux sont alors ceux à ne pas rentrer à l’heure à la maison. Leur femme est évidemment mécontente et il est peu probable qu’un bouquet de fleurs dans vos mains tremblotantes apaise cette tension. Mais mieux vaut mourir en essayant que d’accepter le destin sans mot dire.
Veneamine Toukhessov, 42 ans, a confié à Russia Beyond cette histoire, qui pourrait nous laisser perplexe quant à la santé mentale de son personnage principal : « Lorsque nous étions étudiants, un ami à moi a gagné une énorme somme d’argent et nous a tous invités à fêter ça. À la fin de la nuit, nous étions un peu inquiets quant à sa capacité à rentrer chez lui et à la réaction possible de sa femme. On l’a donc escorté jusqu’à son domicile, nous arrêtant en chemin chez un fleuriste ouvert 24h/24. Il a ensuite vu des gens à cheval et a convaincu l’un d’entre eux de lui en louer un. Il est arrivé bourré, à cheval, et un bouquet de fleurs à la main. Sa femme était furieuse, mais au bout d’un moment elle l’a laissé rentrer ».
Nous ne pouvons toutefois garantir que le coup des fleurs marchera systématiquement, mais autant essayer !
Scénario de l’«Époux responsable»
Il y a de nombreux jours fériés en Russie et les trois quarts d’entre eux célèbrent les femmes. Naturellement, on attend d’un Russe qu’il exprime l’importance de sa moitié à l’aide d’un bouquet de fleurs. Mais cette banale mission peut devenir incroyablement difficile lorsque vous partagez un appartement depuis des années. Votre femme en connait en effet les moindres recoins et elle le saura immédiatement si vous essayez d’y cacher des fleurs dans un tiroir. Pris la main dans le sac !
Arkadi Bystrov, un Moscovite de 33 ans, a raconté à Russia Beyond l’histoire suivante : « Mon père offre toujours des fleurs à ma mère le jour de son anniversaire. À environ 5h, quand tout le monde dort encore, il se lève et va à un fleuriste du coin. Lorsque ma mère se réveille, les fleurs l’attendent déjà. Ce serait impossible à organiser sans fleuristes ouverts en continu ».
Scénario du «Casanova appauvri»
Imaginez que vous arrivez dans une ville reculée au milieu de la nuit sans le moindre kopeck en poche. Ou presque. Incapable de vous payer un hôtel. Oui ça semble assez improbable, mais on ne sait jamais. Vous attrapez alors votre téléphone et faites défiler vos contacts en quête d’une âme familière dans cette cité inconnue. Et là, miracle : une fille que vous aviez rencontrée à l’école il y a 30 ans. Et aussi désespéré que cela puisse paraitre, vous tentez votre chance, l’autre option étant de passer la nuit sur un banc.
Un appel, un SMS, un message, et vous finissez par échanger les 300 roubles qu’il vous reste contre trois roses chez un fleuriste à l’angle de la rue, commodément placé pour anticiper d’éventuelles aventures romantiques.
Beaucoup de récits similaires existent, mais la véracité de la plupart est impossible à vérifier. Eleonora Kalouguina, 30 ans, a même rejeté la moindre possibilité que ce scénario puisse trouver une application dans la réalité. Mais nous sommes en Russie et ici, rien n’est impossible.
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