1. Principalement des appartements
« Où sont les maisons ? », se demandent la plupart des étrangers durant les 20 premières minutes de leur premier voyage en Russie, avant de réaliser que tous ces blocs de béton les entourant SONT les maisons.
Vous voyez, la notion russe de « banlieue à faible densité » est sensiblement différente de celle que connait l’Occident. En tant que pays ayant été transformé en société urbaine en l’espace de quelques décennies seulement, l’Union soviétique a logé ses anciens paysans dans les habitations les moins onéreuses possibles : les appartements communautaires.
Il en résulte donc que la seule maison indépendante et avec jardin que le citadin russe moyen côtoie est la datcha familiale (à moins qu’il soit multimillionnaire et dispose d’un manoir en périphérie). Pour la majorité d’entre eux, un trois pièces dans une barre d’immeuble est ainsi perçu comme un lieu acceptable pour s’installer et fonder une famille. D’ailleurs, en Russie le mot « dom » désigne aussi bien une maison individuelle qu’un immeuble.
2. Les Russes vivent en altitude
Bien entendu, ce n’est pas toujours le cas, mais de manière générale, le plus petit immeuble résidentiel en Russie a au moins 4 étages (cela a d’ailleurs été la norme dans les années 50-60, avec la construction en masse et à travers tout le pays des « khrouchtchiovkas » également surnommées « pyatietajkis » (à 4 étages). Or, la vue d’une cour massive pleine de barres d’immeubles de ce type peut paraître inquiétante aux yeux des Européens. Sans oublier que les immeubles d’une vingtaine d’étages sont également légion.
« L’immeuble d’habitation moyen russe dominerait le paysage d’une ville anglaise ou irlandaise, mais ici ils ne sont qu’une goutte dans un océan de milliers d’autres », témoigne Jack Dean, un enseignant venu d’Irlande.
3. L’habit ne fait pas le moine
Les appartements soviétiques étaient attribués aux citoyens en fonction de leur travail, l’habitant lambda n’avait donc pas son mot à dire pour ce qui était de l’apparence extérieure de son immeuble. Cela a ainsi engendré une culture privilégiant les intérieurs aux extérieurs. Les Russes sont par conséquent finalement devenus les maitres dans l’art de transformer une horrible khrouchtchiovka en véritable palace.
Jack a à ce sujet une règle de base : « J’ai remarqué que si vous notez un immeuble sur 10, il faut ajouter 3 ou 4 à cette note pour obtenir la qualité des appartements à l’intérieur. Ne sous-estimez jamais la capacité des Russes à redécorer ».
Il y a cependant un inconvénient à cela…
4. Les voisins passent leur temps à redécorer
Il est souvent plus économique d’acheter un vieil appartement en Russie. Cela implique toutefois généralement des travaux de rénovation et de décoration afin de le mettre à son goût. En fait, même si vous faites l’acquisition d’un logement flambant neuf, il sera dans la plupart des cas tel une page entièrement blanche, qu’il faudra aménager et décorer également. Et il en est de même pour les voisins : réparations, perçages, montages…
« Vous devez les battre à leur propre jeu, nous confie Nick, un écrivain américain. S’ils percent tôt le matin, parfois je mets du heavy metal au volume maximum et ils comprennent le message ». À situation extrême, solutions extrêmes.
5. Vous mesurez sa taille non pas en fonction du nombre de chambres, mais de pièces
Lorsqu’ils cherchent un logement en Russie, certains étrangers peuvent tomber dans le piège de croire que leur « appartement trois pièces » disposera de trois chambres. Ce n’est pas le cas. En réalité, « pièce » désigne toute pièce de vie. Il est donc tout à fait possible d’avoir un trois pièces avec une seule chambre. Cela s’explique sûrement par le fait qu’en Russie il est extrêmement répandu de se servir du salon comme chambre à coucher par exemple. Trompeur, n’est-ce pas ?
La bonne nouvelle est toutefois que la cuisine n’est pas considérée comme une pièce, par conséquent, un « une pièce » ne sera pas un simple studio.
6. Les portes sont faites pour résister à un assaut
Ces portes épaisses en métal sont un véritable spectacle pour les non-initiés. « Quand je suis arrivé à Saint-Pétersbourg et que j’ai vu ma porte, j’ai cru que j’étais conduit vers une salle d’interrogatoire, affirme l’enseignant coréen Ching-Woo Park. Je l’ai ouverte, et à l’intérieur c’était un appartement plutôt sympa. Quel soulagement ».
En réalité, ces portes ont une réelle utilité : avec une si grande quantité de jours fériés, bon nombre de personnes vont régulièrement à la datcha, créant ainsi de multiples opportunités de cambriolage. Les Russes ont également tendance à cacher de l’argent chez eux. Leur forteresse doit donc être aussi sûre que possible, même si cela se fait au détriment de la beauté de la porte. À noter que très souvent on trouve aussi des doubles portes à l’entrée des logements, avec un nombre surréaliste de verrous et de serrures.
7. Vous n’avez presque aucun contrôle sur le chauffage
En Russie, le chauffage est centralisé par le biais d’immenses centrales électriques. C’est donc un lointain employé qui met en marche le radiateur dans votre appartement, et généralement il n’y va pas de main morte. La température est en effet parfois suffocante en hiver, créant un incroyable écart entre l’intérieur et l’extérieur. Vous serez ainsi perpétuellement torturé par le dilemme entre ouvrir la fenêtre et avoir trop froid ou la fermer et avoir trop chaud. Il y a aussi ces très plaisantes périodes (généralement à la mi-octobre et début mai) où il faut trop froid dehors alors que le chauffage n’est toujours pas activé, ou au contraire, lorsqu’il fait chaud dehors et que votre appartement est toujours chauffé au maximum, le transformant en véritable four.
« Le temps se réchauffait à Moscou durant le printemps et le chauffage était toujours à sa puissance maximale, du coup mon appartement devenait insupportable, se rappelle par exemple George Nelson, un rédacteur originaire d’Angleterre. J’ai pris un tournevis et j’ai éteint le chauffage dans ma chambre. Quelques heures plus tard, j’ai entendu quelqu’un frapper avec colère à ma porte. Il s’est avéré que j’avais par inadvertance coupé d’autres radiateurs dans mon immeuble, et comme les Russes aiment suer à la maison, au bureau et au sauna, j’ai dû rallumer le mien, à contrecœur ».
8. Le cauchemar des écologistes
Les études indiquent que de plus en plus de Russes sont sensibles à la notion d’écologie. En effet, le président Vladimir Poutine a récemment signé un décret qui obligera les conseils à coopérer pour le tri sélectif en 2019.
Cependant, actuellement, il est bien plus facile d’utiliser les bennes pour ordures en tous genres que de recycler. Ironiquement, il est généralement nécessaire d’avoir une voiture pour accéder aux rares points de tri disponibles en Russie.
Aussi, il n’est pas rare que les Russes habitant en colocation ou en appartement communautaire laissent, encore de nos jours, la lumière allumée toute la journée dans les parties communes. Et gare à celui qui oserait l’éteindre.
9. Les balcons ne sont pas un luxe
Si vous vivez dans un trois pièces avec trois personnes ou plus, où allez-vous entreposer vos affaires superflues ? Gardez à l’esprit qu’il est peu probable que vous ayez une chambre de libre pour cela, alors que même les buanderies ou débarras sont un concept presque inconnu ici. Une seule solution s’offre donc à vous : le balcon.
Cela signifie que lorsque le Soleil pointe le bout de son nez, vous devrez trouver un autre endroit pour bronzer. À moins que vous ne réussissiez à entasser suffisamment bien les pneus d’hiver, le vélo cassé, les skis et le lustre de vos colocataires pour libérer un peu de place. Désolé.
rbh.com