L’Europe ne semble plus vouloir se plier aux sanctions anti-iraniennes de Trump. De nombreux pays, dont les alliés européens des États-Unis semblent avoir décidé de tenir bon, cette fois-ci, face aux ambitions du président américain.
Le 8 mai, le président américain Donald Trump a annoncé que les États-Unis se retiraient de l’accord signé en 2015 par les 6 puissances du monde sur le programme nucléaire iranien. Il a par la suite annoncé le rétablissement des sanctions anti-iraniennes d’avant 2015. Mais ce retour du régime des sanctions sera-t-il un succès?
L’économiste Simon Wilson ne le croit pas. Dans un article écrit pour l’édition électronique du magazine économique MoneyWeek , il avance trois raisons pour expliquer l’échec de la nouvelle stratégie anti-iranienne de Trump :
« Premièrement, il n’y a pas cette fois-ci d’intérêt multilatéral à soutenir les sanctions. Contrairement aux sanctions précédentes, les principaux alliés européens considèrent les nouvelles mesures punitives des États-Unis comme un recours à la force de la part de Trump. Agacés de danser sur les airs capricieux de Trump, ces pays se montrent d’ailleurs bien déterminés à contourner formellement les sanctions via des licences et des exonérations, ou d’autres mécanismes possibles.
Deuxièmement, les plus gros acheteurs du pétrole iranien sont de loin la Chine et l’Inde, qui ne tiennent pas à se soumettre aux sanctions anti-iraniennes US.
Troisièmement, la capacité de Washington à imposer des sanctions contre l’Iran n’est plus comme avant. Plus précisément, le département d’État a dissout l’équipe de mise en œuvre des sanctions l’année dernière, tandis que le Trésor a également perdu son personnel en charge des sanctions. »
« De toute évidence, les sanctions contre l’Iran mettraient à mal certaines grandes entreprises européennes, comme Total, Airbus, Siemens et Renault. Mais beaucoup de ces grandes entreprises européennes et asiatiques qui décident de se conformer, par crainte d’un coup dur des Américains, sont ces mêmes entreprises qui ont déjà une exposition minimale en Iran sous peine de la menace permanente de sanctions. Plus généralement, le régime des sanctions et le manque de consensus international créent d’autres risques. Le prix du pétrole est déjà en hausse en raison des rumeurs autour d’un resserrement de l’offre », explique l’analyste économique en ce qui concerne l’impact des sanctions de Trump sur les marchés mondiaux.
À en croire le critique américain, la décision a par contre de mauvaises conséquences pour l’administration Trump :
« Les sanctions auraient pour effet de renforcer la posture de la Russie, en tant que rival des États-Unis, ainsi que l’Arabie saoudite dont l’influence est sans doute une source de tensions au Moyen-Orient. Elles pourraient exacerber la tension géopolitique dans les relations américaines avec la Chine. Mais, la conséquence involontaire la plus importante d’un point de vue stratégique serait telle que si les nouvelles mesures anti-iraniennes ne fonctionnent pas bien, la Maison Blanche perdra à jamais son levier politique contre un pays qu’elle présente toujours comme une menace contre sa sécurité. »
Avec presstv