L’Afrique pourrait nourrir le monde, selon les chiffres du New Partnership for Africa’s Development (Nepad), organe de l’Union africaine (UA). Ainsi, c’est en Afrique qu’on trouve 60 à 65% des terres arables non cultivées au monde ainsi que 10% des ressources en eau douce renouvelable. En outre, le dynamisme est là puisque la production agricole a augmenté de 160% ces 30 dernières années.
Mais il faudra aller bien au-delà, souligne l’Agence de planification et de coordination du Nepad, rapporteIPS. En effet, selon les prévisions démographiques, la population africaine devrait passer de 15% de la population mondiale à 25%.
Des chantiers tous azimuts
Aussi les agriculteurs africains devront-ils jouer un rôle plus grand et pour ce faire, doivent avoir accès à la connaissance et aux financements. En outre, il faut mettre de l’ordre dans les mesures douanières et tarifaires entre les 55 pays du continent. Actuellement, note l’organisation, seulement 13 pays offrent des visas gratuits ou des visas qu’on peut obtenir à la frontière, en arrivant, selon le rapport Africa Visa Openness.
Dans les pays enclavés, beaucoup de nourriture est gâchée par le temps important qu’il faut pour franchir les frontières et accéder aux ports. Ceci, en raison des formalités mais surtout à cause de l’état terriblement dégradé de nombre d’axes routiers. Ainsi, non seulement cela prend du temps de transporter un produit d’un point à l’autre, mais les camions ne peuvent pas être très chargés, ce qui réduit le rendement. “On ne peut pas transporter plus de 4 tonnes dans un camion sur des routes en terre contre 20 tonnes sur une route goudronnée. Ceci me coûte 5 fois plus“, souligne Raajeev Bopiah, directeur général de la plantation de thé East Usambara Tea Company en Tanzanie.
L’encombrement des ports oblige les navires à attendre parfois longtemps pour pouvoir accéder aux quais. Ainsi, est-il relaté, en début d’année, 10 navires transportant 450 000 tonnes (t) de nourriture d’urgence pour l’Ethiopie, très éprouvé par la sécheresse, ont dû attendre des semaines au large du port de Djibouti avant de pouvoir accéder aux quais.
$ 4 milliards de nourriture perdue chaque année
Il manque aussi des silos et autres infrastructures pour conserver la nourriture. Les coupures intempestives d’électricité provoquent aussi des pertes. Au total, si on estime qu’au plan mondial, 30% de la nourriture produite est gaspillée, ceci est encore plus vrai en Afrique. Selon Richard Munang, du Programme sur l’environnement des Nations Unies, de la nourriture d’une valeur représentant $ 4 milliards est perdue en Afrique chaque année. “Des inefficacités tout au long de la chaîne de valeur agricole en Afrique sont à la base des problèmes alimentaires“, rappelle-t-il.
A ceci s’ajoutent aussi la corruption à tous les niveaux et la difficultés à obtenir des financements. Nombreux sont les pays du continent à ne pas avoir de banques agricoles ou autre institution de financements adaptés aux besoin des agriculteurs. Ils ne peuvent donc pas investir dans de l’équipement, des intrants, de la terre, etc. Car certaines cultures mettent plusieurs années avant de donner et pouvoir être rentable. L’agriculteur a donc besoin de crédit. En outre, sur un continent où l’agriculture a des rendements de 2 à parfois 4 fois inférieurs à d’autres régions à travers le monde, l’agriculteur a besoin d’accéder à tout ce qui lui permettrait de dynamiser ses rendements.
L’Afrique doit donc aller de l’avant sur plusieurs fronts pour dynamiser son agriculteur et elle doit le faire vite. Car actuellement la concurrence avec le reste du monde est forte. En outre, se greffe à tout ceci un autre défi majeur , rappelle le rapport du Nepad : le changement climatique.
avec commodafrica