Washington est préoccupé par l’avenir politique du Cameroun. Dans un communiqué publié ce vendredi, la représentation américaine à Yaoundé a appelé le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, à penser à son héritage et à travailler sur la trace qu’il veut laisser dans l’histoire en suivant les exemples de Nelson Mandela et de George Washington.
Alors qu’il est encore l’un des rares chefs d’Etat en Afrique avec une telle longévité au pouvoir, 36 ans, le président camerounais Paul Biya est de plus en plus contesté dans son pays. Une situation qui tend à se propager à l’extérieur. Ce vendredi 18 mai 2018, les Etats-Unis ont appelé le numéro 1 camerounais à penser à son avenir.
L’administration Trump n’y est pas allée de main morte. Dans un communiqué rendu public par l’ambassade des USA à Yaoundé, l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Peter Henry Barlerin, a invité Paul Biya âgé de 85 ans depuis février dernier, à «penser à son héritage et à faire comme Nelson Mandela et George Washington». Le chef de la représentation américaine qui intervient ainsi 24 heures après avoir été reçu en audience par le président camerounais au palais de l’Unité à qui il avait retransmis les félicitations de Donald Trump, le président américain, pour la fête de l’Indépendance du Cameroun (commémorée ce dimanche 20 mai), a fait ressortir l’histoire respectivement de l’ancien président sud-africain et de l’ancien président américain qui avaient tous les deux, faciliter la transition politique dans leurs pays, pour demander au chef d’Etat camerounais de «réfléchir à son héritage et à comment il souhaite que l’on se souvienne de lui dans les livres d’histoire», suscitant dans la foulée, la colère de Yaoundé.
Vives réactions des autorités
Les suggestions de l’ambassadeur américain ne sont pas du goût des autorités camerounaises. Elles ont provoqué de vives réactions de la part du gouvernement. Sur une chaîne radio, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, s’est voulu sec, indiquant que le peuple camerounais est «souverain», et n’est «pas disposé à accepter quelque diktat que ce soit de la part de telle ou telle puissance». Le responsable a poursuivi soulignant que le chef de l’Etat camerounais est «un homme d’honneur, soucieux, naturellement, de la lecture qu’on fera de lui une fois qu’il aura organisé sa succession le moment venu». Le porte-parole du gouvernement camerounais est «persuadé» que Paul Biya «entrera dans l’histoire par la grande porte, parce qu’il est conscient de sa responsabilité», et qu’«il ne s’écoule pas une seconde sans qu’il ne pense à l’avenir» du Cameroun.
La crise dans le nord-ouest et sud-ouest évoquée
Par ailleurs, dans son intervention, Peter Henry Barlerin s’est aussi appesanti sur la crise sécessionniste qui sévit dans les zones anglophones du pays. Le diplomate américain a surtout accusé l’armée camerounaise de commettre des «assassinats ciblés» dans les régions du nord-ouest et sud-ouest lesquelles sont les plus frondeuses. Barlerin a aussi condamné les «meurtres de gendarmes» et «enlèvements de fonctionnaires» perpétrés par certains activistes séparatistes. L’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun a ensuite fustigé les incendies, les pillages de villages par les forces de défense et de sécurité mais également les détentions de présumés sécessionnistes privés de soutien juridique, familial ou de la Croix-Rouge.
Notons que les affrontements entre sécessionnistes «ambazoniens» et l’armée camerounaise ont déjà fait depuis le début en 2016, quelques 120 morts dans les rangs des civils et 70 dans les rangs des militaires.
Avec latribune