La commission électorale vient de proclamer les résultats provisoires du référendum constitutionnel contesté qui a eu lieu jeudi 17 mai au Burundi. Sans surprise, le « oui » l’emporte très largement, avec 73% des voix dans un scrutin considéré comme « ni libre, ni transparent » par de nombreuses ONG et l’opposition, qui annonce qu’elle va faire recours. Quelle est la prochaine étape ?
Les résultats annoncés sont en tout point conforment à ce qui était attendu. Le taux de participation, 96 %, est pharaonique, le « oui », avec 73 % des voix, obtient une très large victoire, et le « non » est battu à plate couture avec moins de 20% des suffrages exprimés.
Mais l’opposition avait déjà contesté ces résultats à l’avance. Agathon Rwasa, le leader de la coalition des indépendants Amizero y’Abarundi les a rejetés dès le lendemain du scrutin en dénonçant le climat de terreur qui a caractérisé selon lui la campagne électorale, le jour du vote et même l’après-vote.
Il parle également de fraudes massives orchestrées par le parti au pouvoir, avec la complicité d’une commission électorale nationale indépendante aux ordres, bourrages d’urnes, falsifications des procès-verbaux, leurs mandataires chassés des bureaux de vote, ou encore des électeurs forcés de voter pour le « oui ». L’opposition assure ce soir qu’elle va former un recours en annulation devant la Cour constitutionnelle, sans trop d’illusion.
Elle a trois jours pour déposer sa requête, et la Cour huit jours pour statuer. Le camp du « oui » conduit par le parti Cndd-Fdd au pouvoir s’est réjoui dès ce soir de cette victoire annoncée, qui devrait permettre au président Pierre Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu’en 2034, et à ce parti d’avoir une mainmise totale sur les institutions.
Mais il devra encore attendre un peu avant de se réjouir totalement. La Cour constitutionnelle a neuf jours au plus pour proclamer les résultats définitifs.
« C’est un canular, c’est un score traficoté, s’insurge Pancrace Cimpaye, porte-parole du Cnared. Mais les résultats de ce pseudo-référendum ne nous engagent en rien parce que cela s’inscrit contre l’accord d’Arusha et la cohabitation pacifique en plus d’une décennie au Burundi. C’est un enterrement complet de la démocratie au Burundi.
Pierre Nkurunziza non seulement refuse l’existence d’une autre force politique, mais tous les pouvoirs, judiciaire, législatif, il va les concentrer entre ses mains. Pierre Nkurunziza va être président du Burundi jusqu’à la fin de ses jours, ce qui est inadmissible pour le peuple burundais. »
Avec RFI