Bien des contrées africaines cultivent l’ananas. Pourtant, quoique dotées des conditions requises pour un meilleur rendement, elles contribuent peu à la production mondiale qui est passée de 12 millions de tonnes en 1995 à près de 20 millions en 2015, soit une augmentation de 66%, selon des experts. Rencontré en marge du Salon International de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire (Sialo), tenu à Lomé du 17 au 21 août 2016, l’ingénieur agro-environnementaliste Combé Anani a reconnu que l’ananas africain peine à se faire une place sur le marché international, en raison de plusieurs difficultés. « La faiblesse de la production africaine est essentiellement due au choix des variétés. En 1980, le Costa Rica n’était pas cité en tant que grand pays producteur d’ananas, mais quand les Costaricains ont réussi à mettre en place une variété résistant aux ravageurs et adaptée aux conditions agro-écologiques du pays, ils sont parvenus à booster leur production », explique l’ingénieur. La demande d’Ananas frais sur le marché international a été évaluée à plus de 20 millions de tonnes en 2015, selon le même expert. Or, l’ensemble de la production africaine selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’élève à 3 millions de tonnes, dont la moitié est assurée par le Nigéria. La première économie du continent est ainsi classée 8e pays parmi les producteurs mondiaux, avec au total 1,5 million de tonnes d’ananas. Suivi par le Kenya, l’Angola, le Cameroun et la Guinée. Le Nigéria exporte principalement vers le Niger. Alors que la Côte d’Ivoire avec une production de 78 000 tonnes par an et le Ghana 56 000 tonnes exportent principalement vers l’Union européenne (UE).
Volet importations, près de 90 % des ananas importés par le port d’Anvers sont destinés à l’Allemagne (36 %), les Pays-Bas (17 %), la France (16 %), la Belgique 12% et l’Italie (11 %). Les philippines occupent toujours la tête du peloton des producteurs d’ananas dans le monde, avec plus de 2 millions de tonnes par an. Deuxième du classement, la Thaïlande produit, quant à elle, 1,8 million de tonnes, talonnée par le Costa Rica avec 1,7 million. Selon Mayor Kodjo Robert, un autre expert togolais et consultant international en Agriculture Biologique, l’Afrique doit mettre les bouchées doubles pour joindre ce peloton. « Pour une meilleure compétitivité, les Africains n’ont qu’à se tourner davantage à l’agriculture biologique. Car les grands producteurs les mieux placés à l’échelle internationale ont pris de l’avance par rapport aux Africains. Il faudrait donc jouer la carte de la qualité pour les jeunes producteurs africains », analyse-t-il L’ananas est le deuxième fruit exotique le plus important après les bananes et contribue à raison de 20% à la production mondiale de fruits tropicaux. Troisième jus le plus consommé au monde, après ceux de l’orange et de la tomate, l’Ananas, très faible en gras saturés, cholestérol et sodium, est une très bonne source de vitamine C et de manganèse.
Journal du Cameroun