+VIDEO Les patrons de banques américaines touchent en moyenne deux fois plus que leurs homologues européens. Les augmentations votées cette année, qui dépassent 10 % en moyenne, sont mal acceptées par les actionnaires.

La crise a bouleversé le palmarès des banques dans le monde occidental. Mais pas celui des patrons les mieux payés. L’an dernier, six des dix patrons les mieux rémunérés étaient à la tête de maisons américaines. Leur package moyen était non seulement supérieur à celui de leurs homologues européens, mais il a aussi progressé deux fois plus vite. Selon une analyse menée par la base de données Equilar pour le « Financial Times » sur les 20 plus grandes banques en Europe, en Amérique du Nord et en Australie, la rémunération moyenne (incluant salaire, bonus et stock-option) des dirigeants des six plus grandes banques américaines a atteint l’an dernier 20,7 millions de dollars (+10 %), contre 10,4 millions pour les onze plus grandes banques européennes. L’écart aurait pu être encore plus important si quelques patrons nouvellement nommés en Europe n’avaient touché à leur arrivée des sommes exceptionnelles (notamment chez Credit Suisse, Standard Chartered et Barclays).

Jamie Dimon, en tête du palmarès mondial

C’est Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, seul survivant de la crise à Wall Street, qui arrive en tête du palmarès mondial, après que la banque a enregistré des résultats records en 2015. Sa rémunération totale a atteint 27,6 millions de dollars, soit une augmentation de 35 % par rapport à 2014. Lloyd Blankfein, le patron de Goldman Sachs, qui était numéro un l’an dernier, a vu la sienne reculer légèrement à 23,4 millions de dollars. Quant à John Stumpf, le patron de Wells Fargo, devenue la première capitalisation boursière du secteur après avoir dégagé des rendements à deux chiffres chaque année depuis 2008, il n’arrive qu’au 6e rang. Sa rémunération, fixée à 19,3 millions de dollars, n’a pas varié d’un centime depuis quatre ans.

Si les experts justifient l’écart entre les banquiers américains et européens par des performances globalement meilleures pour les premiers, leurs actionnaires ne s’en accommodent pas pour autant. Pénalisées par des taux à zéro depuis une décennie et un durcissement de la réglementation, les banques de Wall Street peinent à retrouver une rentabilité qui dépassait volontiers les 15 % avant la crise.

Contestations

Cette année, comme l’année dernière, des associations d’actionnaires n’ont pas hésité à contester les augmentations proposées en assemblée générale. Après avoir affronté un record de 38 % de votes négatifs l’an dernier, JPMorgan Chase a introduit pour la première fois dans la rémunération de son dirigeant une part variable conditionnée à la réalisation d’objectifs de rentabilité étalés sur trois ans, et a réduit la part de cash de son package.

Ce printemps, ce sont les patrons de Citigroup et de Goldman Sachs qui ont affronté la colère de leurs actionnaires et ont vu leur rémunération approuvée par moins des deux tiers des votes. Un taux particulièrement bas, sachant que les entreprises évoquent généralement la question des rémunérations avec les principaux actionnaires en amont des assemblées générales. John Corbat, le patron de Citigroup, a tout de même bénéficié d’une augmentation de son package de 31 %. Les actionnaires de Goldman Sachs ont estimé, quant à eux, que la banque avait omis de prendre en compte une charge exceptionnelle de 5 milliards destinée à solder un litige hérité de la crise des subprimes avant de calculer la rémunération de ses dirigeants. Lloyd Blankfein ainsi que le directeur des opérations et le directeur financier avaient pourtant consenti une légère baisse de leur rémunération.

VIDEO – Les 10 patrons de banque les mieux payés au monde


Avec lesechos