Docteur Pierre Ackah ANGNIMAN
Directeur Exécutif du Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricoles (FIRCA)
Les grands axes du programme du Directeur Exécutif du FIRCA
Monsieur le Directeur Exécutif, veuillez-vous présenter aux opérateurs économiques et à la population ivoirienne.
PAA : Je suis Docteur Pierre Ackah ANGNIMAN, Directeur Exécutif du Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricoles (FIRCA), Spécialisé dans l’assistance aux producteurs agricoles depuis 1979. Je me positionne comme un fervent praticien du développement rural.
Présenter-nous succinctement le FIRCA (son historique : ce qui a motivé sa création, ses missions et son mode de fonctionnement) ?
PAA : En 1992, l’Etat de Côte d’Ivoire s’est engagé dans un vaste programme de restructuration des services agricoles, en s’appuyant sur un triptyque avec (i) la mise en place d’une structure unique de vulgarisation agricole, l’ANADER en 1994, (ii) la structuration nationale de la recherche agronomique via la création du CNRA en 1998 et (iii) la mise en place d’une structure spécifique dédiée au financement des services agricoles, le FIRCA, en 2003.
Le FIRCA est donc le fruit d’un dialogue de (10) dix ans (1994-2003) entre l’Etat et l’ensemble des acteurs de la profession agricole, afin d’installer un dispositif permanent de mobilisation de ressources financières et de financement de programmes liés au progrès agricole.
Au plan juridique, le FIRCA est une personne morale de droit privé de type particulier, reconnue d’utilité publique et inspiré de la loi n° 2001-636 du 9 octobre 2001 instituant les Fonds de Développement Agricole. Il est régi par deux décrets et par des statuts.
Le FIRCA a pour rôle de mobiliser des ressources financières auprès des filières agricoles, de l’Etat et des partenaires au développement, pour assurer le financement pérenne des programmes de fournitures de services
Il se veut la pièce maitresse du financement pérenne pour le développement d’une agriculture durable et compétitive, orientée vers la promotion des filières agricoles, à travers la génération et la diffusion de technologies pouvant améliorer durablement la productivité et le niveau de vie des exploitants agricoles.
Le fonds a un fonctionnement qui s’articule autour de 3 principaux organes (i) une Assemblée Générale (AG) de 152 membres structurée autour de 4 collèges, (ii) un Conseil d’Administration (CA) de 35 membres et (iii) une Direction Exécutive (DE) organisée en 4 principaux Départements et en Unités et Services.
Quelles sont les activités du FIRCA et les services qu’il propose aux filières agricoles ?
PAA : Le FIRCA assure dans tous les secteurs de production végétale, animale et forestière, le financement pérenne des services relatifs aux programmes de recherche appliquée, de conseil agricole, de formation aux métiers et de renforcement des capacités des organisations professionnelles agricoles (OPA).
Outre le Programme de Développement des Filières (PDF), le FIRCA joue le rôle d’Agence d’exécution pour la mise en œuvre des Programmes de Développement Agricole Conventionnés, cofinancés avec les partenaires au développement.
L’on peut citer : (i) le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP), (ii) le Programme de Relance de la Recherche Cotonnière (PRRC), (iii) le Projet de renforcement des capacités SPS en Afrique (Projet SPS Cacao Africain), (iv) le Programme d’Appui à la Relance des Filières Agricoles (PARFACI), etc.
Quelle est la vision et la politique de la Direction Exécutive du FIRCA ?
PAA : Pour la période 2015-2020, la vision du FIRCA approuvée par le Conseil d’Administration, est d’être : « Le moteur de financement pérenne et innovant pour le développement d’une agriculture durable et compétitive ».
L’objectif global pour cette période est de « rendre aux filières agricoles des services qui contribuent à l’amélioration durable de la productivité et du niveau de vie des populations ».
Cela, via 4 objectifs spécifiques qui sont (i) rendre aux filières des services performants, (ii) optimiser les ressources pour le financement de services, (iii) manager efficacement le FIRCA et (iv) contribuer à la mise en place du fonds de développement agricole.
Quel bilan faites-vous de votre gestion depuis votre arrivée à la tête du FIRCA ?
PAA : En termes de bilan, des chiffres parleront mieux que tout autre commentaire.
Ainsi, entre 2004 et fin 2015, le FIRCA a financé en cumulé 527 projets-actions à travers le Programme de Développement des Filières (PDF) pour le compte de 20 filières agricoles et des programmes transversaux, pour un montant total de 111,791 milliards FCFA.
Ces projets-actions sont répartis dans les différents domaines d’intervention du FIRCA comme suit (i) 213 projets de Recherche Appliquée, (ii) 107 projets de Renforcement des Capacités/Appui aux OPA, (iii) 87 projets de Conseil Agricole, (iv) 68 projets de Formation Professionnelle Agricole et (v) 52 projets d’Etude d’Accompagnement.
Le FIRCA est également fier d’avoir été choisi comme l’Unité de Contrôle Technique et Fiduciaire national du Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP), cofinancé par la Banque Mondiale ainsi que pour divers autres projets, notamment le Projet d’Appui à la Relance des Filières Agricoles en Côte d’Ivoire (PARFACI), cofinancé par la Coopération Française, le Projet de Relance de la Recherche Cotonnière (PRRC) et le Projet d’ Externalisation du Conseil Agricole dans la Filière Coton (ECAFC) tous deux cofinancés par l’Union Européenne.
Quelles sont les grandes innovations (acquis) du FIRCA ces dernières années ?
PAA : Les actions du FIRCA ont permis d’introduire des innovations importantes dans le milieu rural, au profit de 20 filières, via les projets dédiés de développement des filières et les programmes conventionnés transversaux.
Concernant les cultures d’exportation, outre (i) la relance et le renforcement du Conseil Agricole dans les filières coton, palmier à huile, anacarde, hévéa, café et cacao ; on peut citer spécifiquement (ii) la mise au point de technique d’arrachage-replantation pour la reconstitution du verger cacaoyer dans la lutte contre la maladie du swollen shoot, (iii) la génération d’applications informatiques (E-Agriculture) dédiées à l’hévéa, (iv) l’acquisition de 6 unité de séchage de mangue et la mise à l’exportation des productions obtenues, etc.
Au niveau des productions alimentaires, à travers le PPAAO/WAAPP, retenons (i) la création d’un centre national de spécialisation (CNS) sur la banane plantain, (ii) la génération de 17 nouvelles technologies (production de banane plantain de contre saison, métier de pépiniériste de banane plantain et de manioc, production de pain composé à base de farines locales, variétés et géniteurs améliorés, etc.), (iii) la dotation d’une plateforme électronique de gestion des semences WASIX.NET, (iv) la formation de 59 jeunes chercheurs via des bourses (Masters et Doctorats).
Tout cela a permis au FIRCA d’enregistrer des acquis majeurs au nombre desquels nous voulons retenir (i) la contribution à l’augmentation de 35% du cumul des productions vivrières pour la période 2011-2014, (ii) l’accroissement de la production de viande de volaille traditionnelle de 6% entre 2012 et 2014, (iii) l’accroissement de la production porcine de 19 % sur la période 2010-2014, (iv) la réduction de la proportion de personnes sous-alimentées de 24% entre 2012 et 2015 et (v) l’augmentation des ressources captées par les ménages agricoles de 22% de 2009 à 2013.
Quelles sont les grandes lignes d’action (challenges, projets) de la Direction Exécutive du FIRCA pour les années à venir ?
PAA : Après la phase de génération et de diffusion des technologies, la Direction Exécutive du FIRCA entend mettre l’accent sur l’adoption et la bonne application de ces technologies et leur mise à échelle. Elle s’engage en outre à orienter ses actions vers la bonne conservation et la valorisation des productions, pour l’amélioration des revenus des producteurs.
Quel est votre message à l’endroit de vos partenaires et de la population ivoirienne?
PAA : A l’endroit de ces deux cibles, nous avons des messages spécifiques.
Ainsi, pour les partenaires techniques et financiers, nous les invitons à continuer de nous accompagner afin de conjuguer nos efforts, dans une meilleure synergie de nos actions, au bénéfice des producteurs, des acteurs des filières agricoles et de la population rurale.
Pour les populations, notamment les producteurs, nous les encourageons à adopter et s’approprier les différentes innovations (techniques et technologiques), pour une agriculture plus professionnelle, durable, rentable et surtout, qui nourrit son homme.
Votre mot de fin
PAA : Comme l’édifice se construit pierre après pierre, avec le concours de tous, c’est le lieu d’indiquer que sans la présence de l’Etat, des Filières et des Partenaires Techniques et Financiers, le FIRCA, ce modèle original en Afrique de l’Ouest et du Centre de financement pérenne des programmes de fourniture de services, aurait connu des difficultés insurmontables.
Certes, le chemin est encore long et semé d’embûche pour fédérer toutes les énergies et arriver à mobiliser annuellement des ressources internes suffisantes, soutenues par les contributions extérieures ; en vue de consolider le financement des programmes de génération de technologies nouvelles, de transfert et de diffusion de ces technologies dans le milieu agricole et de professionnalisation des producteurs. Mais, c’est en ‘’commençant par ramasser des petites brindilles qu’on finit par faire un grand feu’’.
Comme à sa naissance, le FIRCA se veut encore aujourd’hui, un instrument au service d’un projet concerté de développement agricole, permettant aux producteurs ivoiriens, de vivre décemment et durablement des fruits de leur travail.
Maxwell
Pmepmi Magazine