Issue de l’EPFL, Amazentis s’apprête à commercialiser la vitamine C de l’anti-âge. L’entreprise de nutrition fonctionnelle compte quatre des plus grandes fortunes de Suisse à son capital.
Le conseil d’administration d’Amazentis, une start-up du parc de l’innovation de l’EPFL, c’est un peu le sommet de la liste des 300 plus riches de Suisse publiée par Bilan.
Dès l’origine, en 2007, on trouvePierre Landolt (17e fortune de Suisse). Lors d’une soirée au Festival de jazz de Montreux, le président de la Fondation Sandoz discute avec celui de l’EPFL, Patrick Aebischer. Ils évoquent le rôle de l’alimentation dans la préservation de la santé.
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Pierre Landolt confie que s’il n’est pas question d’investir dans une pharma pour sa famille actionnaire de référence de Novartis, il en va autrement dans la nutrition. D’autant qu’à cette époque Sandoz, devenu Novartis, vend ses aliments pour bébé Gerber à Nestlé.
Sensibilisé au rôle des aliments et conscient que les produits naturels ont été la principale source des produits pharmas, Patrick Aebischer sent qu’il y a là un territoire que la science n’a pas encore exploré. Il invite Chris Rinsch, un de ses anciens doctorants rompu au business après avoir été de l’aventure Modex Therapeutics puis être devenu capital-risqueur, à rejoindre le projet. Pierre Landolt téléphone, lui, à son ami André Hoffmann (3e fortune de Suisse).
C’est au cours d’une conversation entre ces fondateurs que le nom d’Amazentis va émerger: le territoire que Chris Rinsch, devenu CEO, va se charger d’explorer est vaste comme l’Amazonie. Dans cette jungle, il choisit pour guide les savoirs traditionnels sur les bienfaits de certains aliments qui offrent des débuts de piste pour mettre en place des collaborations scientifiques.
Pierre Landolt, qui est aussi agriculteur au Brésil, penche pour le soja dont il est producteur non OGM et qui a l’avantage de l’abondance. Les fruits rouges, et plus précisément la grenade, font aussi partie des collaborations externes que Chris Rinsch systématise afin de garder la structure d’Amazentis aussi légère que possible.
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En 2015, deux nouveaux investisseurs rejoignent l’entreprise. Via son fonds Waypoint Capital, la famille Bertarelli (8e fortune suisse) participe à un nouveau tour de financement. C’est aussi le cas d’Hansjörg Wyss (10e) avec qui Ernesto Bertarelli a fondé le Campus Biotech. Amazentis a désormais besoin de fonds pour passer la vitesse supérieure.
Une découverte révolutionnaire
Amazentis et le professeur Johan Auwerx, de l’EPFL, ont en effet découvert un ingrédient qui a un marché potentiel comparable à celui de la vitamine C ou des oméga 3. En l’espèce, des urolithin A, synthétisées par la flore intestinale à partir d’un ingrédient précurseur qu’on trouve dans la grenade, ralentissent le vieillissement musculaire et potentiellement d’autres formes de dégénérescence, comme la maladie de Parkinson.
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La grenade seule ne suffit pas, cependant. En fonction de la flore intestinale de chacun, l’effet peut être maximum comme nul sans qu’il soit possible de le prévoir. «D’où l’idée de produire directement l’ingrédient efficace pour protéger et revivifier les centrales énergétiques de nos cellules (mitochondries)», précise Chris Rinsch. Amazentis teste ainsi une urolithin A de synthèse sur l’homme pour la commercialiser ensuite sous la forme facilitée d’un alicament avant des déclinaisons possibles en tant que médicaments.
Une expérience qui a déjà convaincu ses investisseurs milliardaires d’explorer plus avant le potentiel des start-up romandes. Ainsi, Ernesto Bertarelli a investi au printemps dernier dans Nexthink. Tandis qu’André Hoffmann est à l’origine d’un nouveau fonds de capital-risque, baptisé 4FO.
avec bilan