Aujourd’hui, il semble illusoire pour les caisses de pension de réussir à maintenir les prestations actuelles de vieillesse. A moins de prendre des mesures stratégiques. Explications.
En juin 2016, 68% du marché obligataire suisse et 40% du marché obligataire européen présentaient des rendements négatifs à l’échéance, selon des chiffres diffusés par Bloomberg.
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Dans ces conditions et vu l’évolution démographique de la Suisse, la capacité des caisses de pension de maintenir les prestations actuelles de retraite est – sans prise de décisions clés – de l’ordre de l’utopie.
Pour y parvenir, deux types de mesures doivent être distingués. D’une part, une réforme structurelle de la prévoyance vieillesse est en cours actuellement au plan fédéral, dont l’un des objectifs principaux est le maintien du niveau des prestations de vieillesse. D’autre part, les caisses de pension peuvent adapter leurs plans de pension de façon à proposer à une certaine catégorie d’assurés un choix de stratégies de placements plus diversifiés. Cette seconde mesure mérite particulièrement d’être étudiée.
Pour ce faire, il importe de décomposer le plan de pension en deux catégories salariales distinctes. La première comprend l’ensemble des salaires soumis à l’assurance vieillesse et survivants (AVS) allant jusqu’à 126 900 francs (état 2016). Au sein de ce groupe, le comité de caisse de pension doit décider d’une stratégie de placement applicable par plan de pension. Les avoirs de prévoyance y sont intégralement investis, sans possibilité pour les affiliés d’influencer la stratégie d’investissement.
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La seconde catégorie comprend tous les salaires soumis à l’AVS excédant 126 900 francs jusqu’à la limite maximale de 846 000 francs (état 2016). Cette classe salariale permet, en revanche, qu’une institution de prévoyance, assurant exclusivement la partie du salaire soumis à l’AVS excédant 126 900 francs, puisse exceptionnellement proposer à ses affiliés un choix de stratégies de placements largement diversifiés au sein d’un même plan de pension.
Plusieurs avantages
Certes, les contraintes d’investissement prévues par l’ordonnance fédérale demeurent les mêmes dans les deux catégories salariales. Toutefois, dans le second groupe, l’assuré aura la possibilité de choisir une stratégie de placement qui lui correspond. Ses avoirs de prévoyance ne dépendent plus d’un choix d’investissement pris par le comité de caisse de pension.
Il s’agira plutôt de mener une réflexion patrimoniale globale permettant à l’affilié de répondre à sa situation personnelle ainsi qu’à ses besoins financiers à long terme en tenant compte de ses avoirs de prévoyance. En effet, une réflexion patrimoniale globale peut permettre – selon la stratégie d’investissement – une amélioration de la performance nette après impôts allant de 0,5 à 1,5% par année. Ce qui est notable en période de taux d’intérêt négatifs.
A cela s’ajoute un autre avantage pour l’assuré: il n’est pas obligé de réaliser son portefeuille de titres détenus au sein de sa prévoyance lors d’une prise de sa prestation de retraite sous forme de capital. Ledit portefeuille pourra parfaitement être transféré au sein d’un dépôt de titres standard, le cas échéant.
En conclusion, des mesures structurelles doivent assurément être réfléchies au niveau politique afin de maintenir le niveau de la prévoyance vieillesse. Cependant, une mesure consistant à réorganiser les caisses de pension en fonction de leurs structures salariales peut d’ores et déjà permettre aux affiliés d’adapter leurs stratégies d’investissement en matière de prévoyance professionnelle en adéquation avec leur situation patrimoniale globale; l’objectif étant de maintenir un niveau de vie adapté à leurs besoins financiers lors du passage à la retraite.
* Gérant de clientèle et membre du conseil de fondation de la caisse complémentaire chez Lombard Odier.
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