Certains chefs d’État africains préfèrent le foot, d’autres encore la musculation, l’équitation ou le jet ski… Qu’ils soient pratiquants ou simplement supporteurs de clubs, tous en tout cas sont des passionnés de sport. Zoom sur les plus “mordus” de nos dirigeants.
Abdelaziz Bouteflika
Ayant pris très jeune le maquis dans les rangs du Front de libération national, le chef de l’État algérien a davantage connu les affrontements militaires que les joutes sportives. Toutefois, s’il n’est pas vraiment un grand fan de sport, peut-être est-il passé à côté d’une carrière de footballeur… « C’était un intellectuel (…) Je me rappelle qu’il n’avait que peu de goût pour le sport. Il se faisait dispenser de gym chaque fois qu’il le pouvait. Seul le foot l’intéressait. C’était un très bon arrière gauche », expliquait ainsi en 2009 à Jeune Afrique un ancien ami proche de Bouteflika.
Abdel Fattah al-Sissi
En militaire, il connaît l’importance d’un physique bien entretenu. Bien que n’échappant pas à l’embonpoint, le chef de l’État égyptien affirme pratiquer quotidiennement le jogging et le vélo. « Je me lève à 5 heures, 5 h 30. Je lis mes fiches, le courrier et les journaux du matin. Je fais ensuite un peu d’exercice : jogging et vélo. Puis je viens ici, au bureau. J’y reste jusqu’à 23 heures »,expliquait-il à Jeune Afrique en février 2016.
Ali Bongo Ondimba
Le chef de l’État gabonais n’aime rien tant que se détendre en écoutant du jazz tout en se reposant sur sa terrasse. Sauf peut-être un bon match de football européen. Supporteur du Real Madrid, de l’AC Milan et du Bayern de Munich, excusez du peu, Ali Bongo Ondimba ne rate que rarement les grandes rencontres du Vieux continent. Il est également supporteur de Lionel Messi, bien que ce dernier joue à Barcelone. Il l’a d’ailleurs reçu au Gabon, où il lui a fait l’honneur d’une tournée en voiture (ce que certains n’ont pas hésité à moquer). ABO a également rencontré Pelé en 2012, à l’occasion de la CAN, et est proche du Camerounais Samuel Eto’o.
Faure Gnassingbé
« Ses instants de loisirs, Faure Gnassingbé les consacre à la lecture et au sport », explique sa biographie officielle. C’est un fait bien connu : le chef de l’État togolais a beaucoup pratiqué la lutte traditionnelle dans sa jeunesse, dans les années 80. Son père et prédécesseur à la tête du pays en était d’ailleurs très fier. Particulièrement attaché aux traditions locales, ce dernier ne ratait jamais les Evalas, ces tournois de lutte d’initiation en pays kabyé. Aucun de ses nombreux fils ne pouvait d’ailleurs y échapper. Le « Vieux » avait même, à l’occasion d’un tournoi, mobilisé la police aux frontières afin de mettre la main sur des images de combat prises par un touriste. Sur la bande récupérée par les autorités, et que Gnassingbé Eyadema souhaitait conserver précieusement : son fils, Faure, terrassant son adversaire.
Idriss Déby Itno
Avec une silhouette aussi longiligne, il y avait fort à parier que le chef de l’État tchadien se tenait en forme régulièrement. Selon son site internet officiel, Idriss Déby Itno pratique en effet l’équitation, son sport préféré, de manière quotidienne, à cheval ou à dos de dromadaire. Il assiste d’ailleurs également à certaines courses de ce sport très apprécié de ses compatriotes.
Jacob Zuma
La relation de Jacob Zuma avec le sport, en particulier le football, appartient à l’histoire par le biais de la Makana Football Association. Lancée en 1966, du nom d’un ancien combattant légendaire xhosa, elle regroupait les prisonniers de Robben Island qui souhaitaient disputer des matchs de football. Parmi les participants : l’ancien membre de la branche armée de l’ANC, Tokyo Sexwale, qui a toujours estimé que le football avait permis aux prisonniers de rester en vie. Jacob Zuma y a quant à lui officié en tant qu’arbitre jusqu’en 1973, ce qui lui a valu d’être reconnu ultérieurement par la Fédération internationale de football (Fifa). En revanche, les prisonniers les plus sensibles ne pouvaient participer aux activités ou même regarder les rencontres. Ce fut le cas notamment de Nelson Mandela, Walter Sisulu et Ahmed Kathrada.
José Eduardo Dos Santos
Selon sa biographie officielle, le deuxième chef d’État le plus ancien du continent (il est devancé de peu par Teodoro Obiang Nguema) pratique durant son temps libre le football, le basketball et la gymnastique. Simple entretien ou passion plus dévorante ? Pour ce qui est du ballon rond, qu’il aurait commencé à taquiner étant enfant et adolescent (alors qu’il poussait également la chansonnette, guitare à la main, pour le MPLA), deux anecdotes permettent d’en juger. La plus récente se déroule en 2006. Elle raconte que le chef de l’État s’est entraîné pendant une demi-heure avec les Palancas Negras (l’équipe nationale), juste avant le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations. La seconde date quant à elle du début des années 2000, à l’occasion de la visite du Premier ministre portugais José Manuel Barroso.Dos Santos avait alors écourté le dîner officiel pour aller suivre un match de son club fétiche, le FC Porto. Heureusement, les deux hommes se connaissaient bien.
Joseph Kabila
« Lorsqu’on lui serre la main pour la première fois, l’on comprend vite que le président s’entretient physiquement ». Une confidence d’Antoine Boyamba, vice-ministre des Congolais de l’étranger, qui fait écho à la passion de Joseph Kabilapour la musculation. Ce dernier avait même permis aux caméras de venir le filmer dans une salle privée d’entraînement lors de la campagne présidentielle de 2011. Le chef de l’État congolais est par ailleurs un grand amateur de randonnés en jeep ou, à l’occasion, en moto.
Macky Sall
Au pays de la lutte, le chef de l’État sénégalais affiche surtout ses préférences pour le football. Ainsi, lors de ses vacances dans sa résidence secondaire de Popenguine, à 70 kilomètres au sud de Dakar, le président s’offre quelques parties au bord de mer, sur la plage. Par intérêt sportif ou politique, Macky Sall s’entoure également de conseillers personnels choisis dans les rangs des anciens sportifs. Le dernier en date : l’ancien footballeur El Hadji Diouf, qu’il a nommé ambassadeur itinérant en 2015.
Mahamadou Issoufou
Le chef de l’État nigérien n’affiche que peu son goût pour le sport. Il est pourtant un amateur de football, qu’il a pratiqué, et de lutte traditionnelle nigérienne, sport roi du pays. Ce n’est donc pas un hasard si Mahamadou Issoufou a placé tous les espoirs de médailles de son pays aux Jeux olympiques de Rio en la personne de Razak Issoufou Alfaga. Ce dernier, qui s’entraîne en Allemagne mais a pu disposer des installations du centre d’entraînement des sports de combat de Niamey, peut en effet espérer monter sur le podium dans un autre sport de combat, le taekwondo. Il a été reçu par le président en personne à quelques semaines de son envol pour le Brésil.
Mohammed VI
Si son père était connu pour sa passion pour le golf, Mohammed VI, lui, est un grand amoureux de l’équitation et du jet-ski. En mai, la Fédération équestre internationale lui a décerné le prix de « propriétaire équestre 2015 » grâce à son élevage reconnu par les plus grands experts mondiaux. Le joyau de son écurie est le cheval Quickly de Kreisker, monté par le cavalier Abdelkebir Ouaddar, qui a fait sensation aux Jeux olympiques de Rio. Jeune, le roi du Maroc pratiquait plusieurs sports : natation, basket, volley, foot… Aujour’hui, il a développé un fort penchant pour le jet-ski, qu’il pratique régulièrement au large des côtes marocaines. Anecdote cocasse : c’est lors d’une de ces sorties qu’il a été arrêté, en août 2014, par la police espagnole, qui suspectait un trafic de drogue. Mohammed VI a également préfacé le livre “Marathon des sables”, publié en 2000 et qui raconte l’histoire du célèbre marathon qui se déroule dans le sud du Maroc chaque année depuis 1986.
Paul Biya
Nombre de ses compatriotes le surnomment, par moquerie ou non, le « premier sportif camerounais ». Très dynamique, selon sa biographie officielle, le chef de l’État camerounais apprécie la pratique du vélo, du jogging ou encore de la marche. Des anecdotes racontent d’ailleurs qu’il lui arrive même de perdre ses gardes du corps dans la forêt privée située près de son village de Mvomeka’a. Paul Biya a cependant surtout flirté, Cameroun oblige, avec le monde du ballon rond, sans pour autant l’apprécier. Problèmes récurrents à la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), recrutements chaotiques de sélectionneurs, états-d’âmes des joueurs… Mais il n’a pas hésité à mettre régulièrement les mains dans le cambouis et est notamment intervenu pour faire revenir en sélection Samuel Eto’o en 2013. Davantage politique avisé qu’amoureux du sport, il attend une bonne performance, sinon une victoire des Lions indomptables, absents des JO 2016, dans la Coupe d’Afrique que le Cameroun accueillera en 2019.
Paul Kagame
Nous sommes à la mi-février, à Toronto, au Canada. Les yeux de la planète basket sont rivés sur le week-end du All Star Game, le plus grand rendez-vous de l’année. Parmi les spectateurs, un certain Paul Kagame. Le président rwandais est en effet un passionné de basketball, tout comme son fils, Ivan, et sa fille, Ange, qui soutient les Celtics de Boston. Le chef de l’État rwandais n’hésite d’ailleurs pas à commenter les matchs de NBA en direct sur son compte Twitter. Autre passion dévorante du président (et, une nouvelle fois, de sa fille), celle qu’il entretient pour l’équipe de football des Gunners d’Arsenal. Il en a d’ailleurs reçu un maillot floqué du numéro 1 des mains de l’ancien capitaine Tony Adams. Enfin, Paul Kagame pratique régulièrement le tennis. De l’avis général, le président, joueur émérite, déteste perdre.
Pierre Nkurunziza
Ancien footballeur et professeur de sport, Pierre Nkurunziza adore le football et « marque beaucoup de buts », selon son entourage. « Attaquant de pointe », le président burundais a même créé son propre club, Haleluya FC. C’est avec ce dernier qu’il sillonne le pays, notamment lors de la campagne électorale de 2010, organisant ici et là quelques matches. « C’est une équipe de vétérans composée d’anciens joueurs qui ont brillé dans les différents clubs burundais », précise Claude Nshimirimana, conseiller à la présidence de la République. En 2012, à l’occasion de l’inauguration du stade Ivyizigiro de Rumonge, dans le sud du pays, Nkurunziza avait échangé quelques passes avec Abebi Pelé. La star du football ghanéen était accompagnée de Christian Karembeu, ancien international français. Et depuis 2005, le chef de l’État a fondé Le Messager FC, une « académie » destinée à détecter et à former des jeunes talents du football, de basket, de volley et d’athlétisme à travers le pays.
Robert Mugabe
Le président zimbabwéen, malgré un âge canonique, n’a pas abandonné le sport. Ou en tout cas, n’a pas arrêté de le regarder. Robert Mugabe a notamment révélé, au détour d’une conversation avec un joueur zimbabwéen, qu’il était un fan de football et en particulier des clubs de Chelsea et du FC Barcelone. « Quand je regarde du football, je souhaite que personne ne me dérange », expliquait-il alors. Et de détailler : « Même ma femme sait où elle doit s’asseoir car, au cas où une équipe marque, je peux frapper dans tout ce qui se trouve en face de moi. »
Roch Marc Christian Kaboré
Roch Marc Christian Kaboré est un sportif émérite. Passionné de basketball, il le pratique notamment durant ses études secondaires au collège Saint Jean-Baptiste de la Salle. Le président burkinabè ira même jusqu’à porter le maillot de l’équipe nationale dans les années 1970. Mais l’ancien banquier est aussi un grand fan de football. Il parraine notamment le Rail club du Kadiogo, qui évolue dans l’élite du football burkinabè : il a remporté le championnat en 2005.
Uhuru Kenyatta
S’il a récemment eu maille à partir avec la fédération d’athlétisme de son pays, confrontée à un grave problème de dopage, le chef de l’État kényan est avant tout un amateur de ballon oval. Il jouait ainsi au rugby dans sa jeunesse au lycée St Mary de Nairobi et continue aujourd’hui de suivre de près les performances de l’équipe de rugby à 7 du Kenya. Uhuru Kenyatta l’a notamment reçue en avril 2016 au palais présidentiel et s’est offert pour l’occasion une photo souvenir « acrobatique ». Le président kényan a cependant dû regarder avec amertume les Jeux olympiques de Rio, quelques mois plus tard : son équipe y espérait une bonne performance, voire une médaille, mais n’a finalement terminé que 11e.
Teodoro Obiang Nguema
Jogging vs Football. Les fastes du pouvoir n’ont pas entamé sa silhouette de Ceiba, cet arbre au tronc longiligne, emblème de la Guinée équatoriale, le pays qu’il dirige depuis trente-sept ans. Le secret de sa forme ? À 73 ans, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo n’en fait aucun mystère : son sport à lui, c’est le jogging. Ils sont d’ailleurs très rares les moments où il troque ses Addidas pour des chaussures de ville. Chaque matin, à 4 heures précisément et ce depuis aussi longtemps qu’il s’en souvienne, il parcourt quatorze kilomètres à petites foulées, suivi de ses gardes du corps. Il y a du Madiba dans cette habitude matinale, une comparaison qui ne le vexera certainement pas mais qui s’arrête là. Vers 18 heures, il prend son unique repas de la journée. Zé Bere Ekum (« la panthère aux aguets », en fang) n’a pas encore convaincu son fils de l’accompagner. Pour l’heure, Teodorìn, couche-tard invétéré, ne pratique sa passion, le football, que très rarement ou lors d’occasions très spéciales. C’est en revanche un sponsor très généreux : 750000 dollars à la Nzalang pour avoir battu la Libye lors de la CAN 2012, ou encore une prime de 20 000 dollars pour chaque but marqué par l’équipe féminine contre l’Afrique du Sud lors de cette même compétition.
Yoweri Museveni
Amateur de football, le président ougandais n’hésite pas à se servir du ballon rond en politique. Il a notamment lancé des tournois de jeunes dans différentes régions de son pays. Au-delà de ces initiatives, le président Museveni peut même parfois s’impliquer plus personnellement. Il a notamment disputé un match mémorable en 2010, aux côtés de victimes de guerre et de… Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies. Il y avait d’ailleurs payé de sa personne, comme en témoignent encore certains clichés du chef de l’État, assis sur la pelouse.
avec jeuneAfrique