Le processus de régulation et de suivi de la commercialisation des produits ferreux a commencé, jeudi, à Abidjan avec une visite de terrain effectuée à la casse d’Abobo et à la zone industrielle de Yopougon par le Comité de régulation et de suivi de la commercialisation des produits ferreux, a constaté un journaliste de APA sur place dans la capitale économique ivoirienne.
Ce Comité de régulation et de suivi de la commercialisation des produits ferreux, comprend, outre les représentants des trois ministères de tutelle (commerce, industrie et artisanat), ceux des ferrailleurs (2), aciéries (2), Chambre nationale des métiers (1).
Cette visite qui a vu la participation du Secrétaire exécutif du Comité de concertation Etat-secteur privé (CCESP), Mariam Fadiga-Fofana, a permis au Comité d’évaluer les capacités des uns et des autres dans le développement de l’industrie métallurgique en Côte d’Ivoire où les ferrailleurs et industriels (aciéries) s’accusent mutuellement pour les ‘’prix’’ et la ‘’qualité’’ des produits ferreux.
‘’On va réguler le prix des produits ferreux dans l’intérêt de tous’’, a déclaré au cours d’une conférence de presse marquant la fin de la visite, Narcisse Thomas Sépi Yessoh, Directeur de cabinet du ministère du Commerce, faisant remarquer des ‘’désaccords très profonds’’ au niveau du prix de la ferraille sur le marché ivoirien.
L’objectif de ce Comité est de trouver des solutions aux difficultés liées à l’application de la mesure gouvernementale portant ‘’suspension de l’exportation de la ferraille et des sous-produits ferreux’’, du 2 mai 2013.
Cette mesure vise à limiter les exportations de ces produits métalliques à l’effet d’assurer l’approvisionnement régulier de l’industrie métallurgique naissante et permettre son développement en Côte d’Ivoire.
Ces difficultés portent pour l’essentiel sur ‘’ la rétention des produits ferreux par les ferrailleurs de nature à occasionner un problème d’approvisionnement et un risque de rupture de stocks des aciéries, le respect du coût d’achat de la ferraille et la mévente de la fonte très peu utilisée par les aciéries’’.
‘’Nous ne faisons aucune rétention de produits ferreux. C’est le mauvais prix pratiqué par les aciéries qui est à la base de cette situation’’, a expliqué à APA Oumar Kondé, un ferrailleur à la casse d’Abobo, commune au Nord d’Abidjan.
Selon lui, les aciéries ivoiriennes achètent le kilogramme de la ferraille entre 55 et 70 FCFA contre 150 et 200 FCFA pour les Indiens et les chinois qui exportaient les produits ferreux avant l’interdiction du gouvernement.
Citant les différentes qualités de produits ferreux, M. Kondé a révélé que les aciéries ivoiriennes n’ont pas pour l’instant la capacité de transformer les produits ferreux de type ‘’fonte’’, c’est pourquoi, ces dernières proposent des prix ‘’dérisoires’’.
‘’Avant j’employais 17 personnes, mais aujourd’hui je me suis séparé d’elles parce que les prix ne sont pas du tout bons’’, a ajouté Oumar Kondé qui dispose d’un stock d’environ 60 tonnes de produits ferreux dans ses magasins de la casse d’Abobo-Anador.
C’est ce qui a fait plaider, Tazéré Kaboré, un autre ferrailleur pour une ‘’dérogation spéciale’’ du gouvernement afin de permettre aux ferrailleurs d’exporter la ‘’fonte’’ qui ne peut pas être transformée pour l’instant sur place par les aciéries ivoiriennes.
‘’Sur les cinq ans à venir, il n’y aura pas de dérogation spéciale sinon ça sera la porte ouverte à tout’’ a répondu Narcisse Thomas Sépi Yessoh, Directeur de cabinet du ministère du Commerce.
La Côte d’Ivoire compte trois aciéries que sont les aciéries de Côte d’Ivoire, King Ivoire et Socifab pour une capacité de transformation annuelle de 200 000 tonnes de produits ferreux. ‘’Aujourd’hui, nous n’avons que la moitié c’est-à-dire 100 000 tonnes’’, a déclaré à APA, César Farhat, le Directeur général adjoint de Aciéries de Côte d’Ivoire.
S’agissant des prix d’achat, M. Farhat estime qu’ils ‘’dépendent du marché international où tout est en baisse en ce moment’’ pour justifier le prix de 60 FCFA auquel il achète le kg de produits ferreux aux ferrailleurs.