Dévoilée début juillet, la 21ème édition du classement des 500 plus grandes fortunes professionnelles de Challenges est désormais entièrement accessible sur notre site.
Challenges met depuis ce mercredi 3 août en accès libre le classement complet des 500 plus grandes fortunes en 2016. Retour sur les principaux enseignements de ce nouveau palmarès, avec notre analyse publiée en juillet dernier.
>> Consultez ici le palmarès complet des 500 plus grandes fortunes professionnelles
C’est la surprise de cette édition 2016 (la 21ème !) du palmarès des 500 fortunes professionnelles publié dans Challenges début juillet: Liliane Bettencourt, l’héritière L’Oréal, est passée devant Bernard Arnault, le PDG du groupe LVMH. Une première place que l’actionnaire principal du groupe de luxe occupait sans aucune contestation depuis… 2009 ! “C’est la Bourse qui est à l’origine de ce passage de relais. L’action LVMH a perdu 12% en un an, tandis que le titre L’Oréal a légèrement progressé”, confirme Damien Pelé, journaliste de Challenges chargé de l’enquête Riches. Il n’en fallait pas plus pour que les deux fortunes, dont le montant était très proche, se croisent. On ne sait si l’ego de Bernard Arnault en souffrira. Mais pour la famille Bettencourt-Meyers, ce sera peut-être un réconfort, après une bien pénible année marquée par des procès et des rebondissements judiciaires.
Reculs boursiers
Au final, cependant, le cru 2016 aura été moins généreux que le précédent. L’ensemble des 500 membres de notre club –très fermé- des Français les plus riches, cumule en effet une fortune de 456 milliards. C’est 4 milliards d’euros de moins que l’an dernier. Mais cela reste respectable si l’on prend comme référence quelques grands chiffres. Nos 500 riches pèsent ainsi plus lourd que le budget de l’Etat Français et ses 373 milliards d’euros. Et représentent l’équivalent de la richesse produite en France en deux mois et demi!
Si le cru 2016 est en léger retrait, c’est que les marchés boursiers ont été particulièrement chahutés cette année, avec quelques mauvaises surprises pour certains actionnaires particulièrement exposés. C’est le cas, par exemple de Patrick Drahi, PDG d’Altice (9ème, à 7,5 milliards d’euros) en recul de 56% et de Vincent Bolloré, (10ème, à 7,3 milliards d’euros) patron du groupe Bolloré, dont la fortune a reculé d’un quart. C’est aussi le cas des fortunes issues d’Internet, comme Renaud Laplanche, fondateur de LendingClub (500ème place, 100 millions), qui a vu la sienne reculer de 70%, et comme Pierre Omidyar, (43ème, à 1,8 milliard d’euros) créateur d’eBay, installé à Honolulu. Lui aussi a vu sa fortune fondre de 70% en Bourse, à l’image de celles de beaucoup de licornes du Nasdaq.
Un ticket d’entrée multiplié par 14 en 20 ans
Au final, les riches les plus exposés aux marchés internationaux, dans des secteurs comme le luxe, la distribution et l’industrie ont davantage souffert que les autres. Après des années de croissance supérieure à la moyenne, ils connaissent en effet leur premier recul de fortune depuis la grande crise de 2008-2009. En témoigne la baisse de la fortune cumulée des dix premiers de notre classement: 180 milliards d’euros, contre 195 milliards l’an dernier. Paradoxalement, les dirigeants et actionnaires d’entreprises moins importantes, davantage tournées vers le marché intérieur, ont connu un sort plus enviable: la fortune médiane (qui sépare le classement entre les 50% inférieurs et les 50% supérieurs) a gagné plus de 10 millions d’une année sur l’autre à 280 millions d’euros. C’est le cas, par exemple d’Olivier Mitterrand, passé de la 330 à la 184ème place, pour 330 millions d’euros de fortune. Les Nouveaux Constructeurs, le groupe du petit neveu de l’ex-président a en effet profité de la reprise du marché intérieur de l’immobilier.
Autre indicateur d’un “ça va mieux” pour les fortunes moyennes: la fortune du 500ème. Elle a fortement augmenté cette année: +20% et dépasse désormais les 100 millions. A comparer avec le montant qui était celui de notre premier classement, en 1996: 14 millions d’euros. Ou plutôt 87 millions de Francs..
Plus de femmes
Notre classement, la seule étude aussi large et précise sur le capitalisme français, apporte aussi deux autres enseignements. La première, c’est son renouvellement perpétuel. Plus de 10% de notre classement a été renouvelé cette année. L’an dernier, c’était 8%. Certes, les très grandes fortunes ne disparaissent pas. Mais celles qui figurent en milieu ou en fin de classement évoluent: elles disparaissent, sont rachetées ou fusionnent avec d’autres, comme le montre notre palmarès des ventes, très animé, cette année. Enfin, dernier enseignement: la place des femmes s’accroît. Elles forment une part croissante de notre classement. Nous en avons dénombré 54, soit plus de 10% de notre palmarès. C’est deux fois plus que les 5% des femmes à la tête de grandes entreprises selon les dernières statistiques de l’OIT (Organisation internationale du travail). C’est par exemple le cas de Marie-Christine Coisne-Roquette (20ème fortune, à 3,6 milliards d’euros), la présidente de Sonepar, qui avec plus de 11.000 salariés et un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards d’euros, est la deuxième plus grosses entreprise entièrement privée de France, et qui affiche, depuis plus de 10 ans, une croissance à deux chiffres.
avec challenges