De ses réseaux socialistes, François Hollande a gardé des liens personnels avec des présidents comme le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Malien Ibrahim Boubacar Keïta ou le Guinéen Alpha Condé.
Apriori, il y a deux François Hollande, celui qui rencontre Joseph Kabila à Kinshasa, le 13 octobre 2012, et celui qui reçoit le même Kabila, le 21 mai 2014 à Paris. La première fois, le président français est glacial. Il n’a fait ce déplacement congolais que pour garantir le succès du 14e sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). “Si vous n’y allez pas, ce sera la mort de la Francophonie”, lui a dit en substance Abdou Diouf, le secrétaire général de l’OIF – un brin alarmiste.
Lors de son discours à l’ouverture du sommet, le président français ne dit pas un seul mot de remerciement à son hôte et ne prononce jamais son nom. En revanche, quelques heures plus tard, il rencontre longuement et chaleureusement les veuves de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana, les deux militants des droits de l’homme disparus entre les mains de la police congolaise en juin 2010.
Le 21 mai 2014, changement total d’attitude. François Hollande reçoit tout sourire Joseph Kabila à l’Élysée. À la fin de l’entretien, il le raccompagne sur le perron et échange avec lui une longue poignée de main. Alors qui est le vrai François Hollande ? Sans doute ni l’un ni l’autre. Avant d’entrer à l’Élysée, l’homme a été pendant trente ans un élu local. En Corrèze, dans la France rurale, son mentor René Teulade lui a très vite conseillé de ne pas serrer la main des gens en regardant déjà les suivants. Il lui a appris à traînasser avec la crémière et l’instituteur.
Chez Hollande, chaque geste est calculé et chaque sourire est calibré. Pourquoi n’est-il presque jamais allé en Afrique avant son élection de mai 2012 ? Un jour de novembre 1998, il fait cette confidence à Guy Labertit, le “Monsieur Afrique” de l’époque au PS français : “Guy, j’admire ta ténacité dans ton engagement, mais en Afrique il n’y a que des coups à prendre(*).”
Du continent, il ne connaît à ce moment-là que les camarades socialistes qu’il croise et qu’il tutoie dans les congrès du PS en France. Parmi eux, il y a notamment les Sénégalais Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse, l’Ivoirien Laurent Gbagbo – avec qui il rompra en octobre 2004 -, le Malien Ibrahim Boubacar Keïta, le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Guinéen Alpha Condé, le Mauritanien Ahmed Ould Daddah, le Camerounais John Fru Ndi, le Congolais Étienne Tshisekedi et le Tchadien Ibni Oumar Mahamat Saleh – qui sera kidnappé en février 2008 et disparaîtra à jamais.
France – Niger : François Hollande s’affiche avec le président Mahamadou Issoufou
Confiance
Depuis cette époque, il garde de solides liens personnels avec plusieurs d’entre eux. Avec Alpha Condé, il communique assez souvent par SMS – ce qui permet au président guinéen d’être reçu à l’Élysée à chaque fois qu’il transite par la France, sans protocole. Et avec Mahamadou Issoufou, il entretient aussi une relation de confiance.
“Entre les deux hommes, c’est fluide, confie un proche du président nigérien. Avant Serval [l’opération militaire française au Mali], ils se sont beaucoup appelés. Et pour le renouvellement du contrat Areva [sur l’extraction de l’uranium d’Arlit], leur proximité a beaucoup facilité les choses.” Avec les chefs d’État d’Afrique centrale, il maintient une plus grande distance.
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D’abord très méfiant à l’égard d’Ali Bongo Ondimba et d’Idriss Déby Itno, il a fini par nouer avec eux une vraie relation de partenariat. À leurs côtés, il sacrifie désormais, comme son prédécesseur Nicolas Sarkozy, au tutoiement et à la tape dans le dos. Mais avec Denis Sassou Nguesso, la relation reste compliquée. Depuis quelques mois, Alpha Condé essaie de rapprocher les deux hommes. Bref, comme ses prédécesseurs, le président Hollande n’échappe pas au “village” franco-africain.
*Adieu, Abidjan-sur-Seine ! de Guy Lambertit, Autre Temps, Paris, 2008
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