La fille du président des Etats-Unis a choqué la presse en inaugurant tout sourire la nouvelle ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, le 14 mai, sans évoquer les Palestiniens abattus par dizaines alors qu’ils protestaient contre ce déménagement.
Au moins 59 morts palestiniens à Gaza, tombés sous les balles israéliennes en manifestant contre le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem le 14 mai… Une nouvelle qui n’a pas été en mesure d’affecter le sourire affiché par Ivanka Trump, la fille du président des Etats-Unis, qui était venue inaugurer le nouveau bâtiment de la représentation américaine.
Today we dedicated the new #USEmbassyJerusalem, a longtime promise to the American & Israeli people. As Jared shared today “While many Presidents before him have backed down from their pledge… this President delivered. Because when President Trump makes a promise, he keeps it.” pic.twitter.com/4iNdozAiRF
— Ivanka Trump (@IvankaTrump) May 14, 2018
«Nous vous accueillons officiellement, et pour la première fois, à l’ambassade des Etats-Unis, ici à Jérusalem, la capitale d’Israel», a-t-elle déclaré aux 800 personnes triées sur le volet qui assistaient à cet événement. L’Américaine, en tailleur beige, n’a pas pipé mot sur la violence des affrontements qui se déroulaient au même moment près de la barrière de séparation israélienne et les morts gazaouis.
Cette jovialité pimpante lui a valu des commentaires indignés de la presse internationale, qui a parfois choisi, d’afficher en une le contraste entre deux photos : Ivanka Trump ravie face à des Palestiniens évacuant leurs morts ou blessés couverts de sang. Le quotidien New York Daily News a même qualifié la jeune femme de «petit monstre à son papa».
Deplorable https://t.co/EMGX6xPzva
An early look at Tuesday's front… pic.twitter.com/ZAK1Vk5ACW
— New York Daily News (@NYDailyNews) May 15, 2018
Un bain de sang aux frontières de Gaza
Au moment des festivités à Jérusalem, dans la bande de Gaza, 40 000 manifestants s’étaient rassemblés.
Tandis que certains souhaitaient forcer la barrière séparant Gaza de l’Etat hébreu, l’armée israélienne a fait feu indistinctement. Le 14 mai, le bilan s’élevait à 58 morts, dont «huit enfants de moins de 16 ans» et plus de 2 700 blessés, selon l’ambassadeur de Palestine auprès de l’ONU. Une petite fille a succombé le 15 mai, après avoir inhalé des gaz lacrymogènes, portant le bilan à 59 morts.
Amnesty International a dénoncé un «crime de guerre». La classe politique française a largement condamné l’usage de la force par les Israéliens. Jean-Yves le Drian, le chef de la diplomatie française, a appelé «de nouveau les autorités israéliennes à faire preuve de discernement et de retenue dans l’usage de la force qui doit être strictement proportionné».
L’addition de ces morts violentes et de celles survenues depuis le début de la Marche du retour – un mouvement de contestation visant à réclamer l’application du droit au retour des Palestiniens ayant fui ou ayant été chassés de leur terre en 1948 – porte le nombre de victimes palestiniennes à plus de 100 depuis les début des rassemblements, le 30 mars dernier.
Donald Trump ne s’est pas déplacé
Donald Trump, qui a décidé de ce déménagement, n’avait pas fait le voyage. Il a préféré laisser sa place à sa fille Ivanka et à son gendre Jared Kushner, ami de longue date de Benjamin Netanyahou, qu’il a chargé de trouver une solution au conflit israélo-palestinien.
Si la violence de la répression envers les Palestiniens a été évoquée par Jared Kushner, c’était pour la légitimer. «Comme nous l’avons vu avec les manifestations du mois dernier et même d’aujourd’hui [le 14 mai], les violences provocatrices sont une partie du problème et non de la solution», a-t-il affirmé. Un porte-parole américain dira dans la soirée du 14 mai : «La responsabilité de ces morts tragiques repose entièrement sur le Hamas.»
La reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale d’Israël par Donald Trump le 6 décembre 2017 avait provoqué un séisme dans le monde arabo-musulman et particulièrement dans les territoires palestiniens.