Le ministère donne jusqu’au 19 août 2016 à 369 enseignants pour justifier leur affectation dans les centres urbains.
Phénomène curieux, la grande majorité des enseignants convoqués est constituée d’enseignants en cours d’intégration (ECI), donc des jeunes qui jouissent encore de toute leur force physique et leur vigueur juvénile. Newal Eugène, jeune enseignant d’allemand au CES de Mebem dans les bas-fonds du département de la Mvila région du Sud, donne quelques raisons de cette nouvelle tendance: « quand un enseignant a suivi sa formation dans les grandes métropoles telles que Yaoundé et Douala, il s’accommode à la vie citadine et est moins disposé à travailler dans l’arrièrepays », dit-il pour justifier cette situation.
La falsification des actes d?affectations est le produit des machinations d’un système diversifié. Selon nos sources, certains enseignants auraient réussi l’exploit en monnayant les services des délégations régionales, qui ont un certains pouvoir de mutation dans leurs territoires. D’autres plus courageux encore, font fabriquer de faux actes d?affectations par des réseaux mafieux, qu’ils présentent aux chefs d’établissements dans lesquels ils souhaitent exercer. Toutefois, il n’est pas rare de constater que certains de ces chefs d’établissements eux-mêmes sont à l’initiative de cette situation avoir le plus d’enseignants possible, afin de garantir de bons résultats à leur établissement.
C’est ce que confirme ce proviseur qui décide de parler sous anonymat : « si un proviseur de lycée nebouscule pas pour avoir les enseignants il risque n’en avoir aucun et les résultats seront catastrophiques dans son centre », et d’ajouter : « Il arrive donc parfois que les lycées de zones urbaines d’une région s’arrachent les enseignants qualifiés, laissant les CES des campagnes sans armes ». Voilà qui explique pourquoi le lycée général Leclerc compte en 2015 près de 300 professeurs et 18 censeurs tandis que le CES de Ndokwanen dans la même région a à peine 3 enseignants formés.
Cette intervention du Minesec, qui n’est pas la première, s’inscrit dans une logique d’assainissement du fichier des enseignants du secondaire instauré par le Ministre Jean Ernest Ngalle Bibehe. C’est donc une véritable chasse aux sorcières que mène le minesec pour redistribuer le personnel enseignant et permettre à tous les Camerounais de bénéficier des mêmes conditions de scolarisation. Cependant selon certains enseignants, le ministère devrait attaquer le noeud du problème en rendant les campagnes camerounaises un peu plus « vivables » en les dotant de route d’eau et d’électricité il martèle : « il y a un minimum de confort dont doit jouir un enseignant pour exercer son métier en tout lieu et surtout avec joie. Si ces besoins de base sont comblés certainement seront nous plus disposé à enseigner partout ».
Que va-t-il donc se passer après la date butoir. Selon nos sources à la direction des ressources humaines, il sera question de recevoir tous les dossiers dans un premier temps. Ensuite, un travail de vérification sera fait pour établir l’authenticité ou non des documents fournis. Ceux qui seront convaincus d’avoir usé de faux actes d?affectation devront rejoindre leurs établissements d’origine. Le ministère se réserve aussi des sanctions disciplinaires.
Le tout avant la rentrée prochaine. Cette situation vient en réalité remettre sous la sellette les conditions dans lesquelles travaillent certains de ces enseignants affectés dans des établissements qui n’existent que de noms. Il s’agit d’un problème plus global sur la question de la gouvernance chez nous. L’éducation n’est qu’un pan. C’est tout le corps qu’il faut soigner.