Par une lettre ouverte, le lanceur d’alertes semblait avoir demandé le droit d’asile. Par un court communiqué l’Elysée avait opposé une fin de non recevoir. Pourtant, coup de théâtre, Julian Assange nie avoir effectué une telle démarche.
Voilà un imbroglio rare. Acte 1: Julian Assange semble faire une demande d’asile à la France via une lettre publiée par Le Monde. Acte 2: Refus net et officiel de la France. Acte 3: par un communiqué, le fondateur nie avoir entrepris une telle démarche.
Son avocat précise: «Contrairement aux informations publiées et aux affirmations de l’Élysée, Baltasar Garzon, directeur de l’équipe de défense de Julian Assange, tient à préciser très clairement que Julian Assange n’a déposé aucune demande d’asile en France. Julian Assange s’est contenté de réagir aux déclarations de Christiane Taubira, Ministre de la justice, et d’un appel de la société civile à l’accueillir en France, signé par plus de quarante personnalités éminentes des mondes intellectuels et de la culture».
Une réponse au laconique communiqué de presse publié par l’Elysée qui expliquait refuser cet asile puisque la situation de Julian Assange ne présentait pas de «danger immédiat». Une fin de non recevoir qui ne semble pas avoir été du goût du fondateur de Wikileaks.
Communiqué de l’Elysée (capture d’écran)
Ce dernier avait pourtant détaillé dans une longue lettre ouverte sa situation et les motifs de sa demande d’asile. Julian Assange y évoquait ses conditions de vie et le fait que sa vie serait en danger depuis les révélations de Wikileaks: «Ces révélations ont été faites au péril de notre vie».
Il en appellait à un geste humanitaire de la France: «En m’accueillant, la France accomplirait un geste humanitaire mais aussi probablement symbolique, envoyant un encouragement à tous les journalistes et lanceurs d’alerte qui, de par le monde, risquent leur vie au quotidien pour permettre à leurs concitoyens de faire un pas de plus vers la vérité».
Le fondateur de Wikileaks, qui vit reclus depuis trois ans dans l’ambassade d’Equateur à Londres, fait état des nombreuses menaces dont il fait l’objet: «Plus de 120 employés étaient chargés, au sein de la dite «WikiLeaks War Room» du Pentagone américain, de coordonner cette offensive contre moi et mon organisation».
Il n’a pas hésité à mettre en accusation le gouvernement américain en parlant de «persécutions»: «Érigées en véritable politique par le gouvernement états-unien, elles se sont depuis étendues au-delà de mon cas et de WikiLeaks : l’administration Obama a ainsi poursuivi plus de journalistes et de sources lors de ses deux mandats successifs que tous les gouvernements états-uniens précédents réunis.
Appels d’offres, pillages, écoutes: comment les Etats-Unis font leur beurre sur le dos des Français
Il évoquait également dans cette lettre ouverte ses conditions de vie au sein de l’ambassade d’Equateur: «de cinq mètres carrés et demi pour mes usages privatifs. L’accès à l’air libre, au soleil, m’a été interdit par les autorités du Royaume-Uni ; ainsi que toute possibilité de me rendre à un hôpital».
Cette demande d’asile intervient alors qu’une pétition a été mise en ligne par le site Médiapart qui appelle précisément à e que l’asile soit accordée à Julian Assange et Edward Snowden. Soutenue par diverses personnalités tels les réalisateur Mathieu Kassovitz et Costa-Gravras, le philosophe Edgar Morin, cette pétition en ligne interpelle François Hollande: «Les révélations de WikiLeaks donnent à ses plus hauts représentants l’opportunité de laver l’humiliation subie et, ce faisant, de réaffirmer les valeurs de la France et sa souveraineté, en accordant sa protection à Julian Assange et Edward Snowden».
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