L’émission obligataire de près de 20 milliards de dollars a été plébiscitée par des investisseurs en quête de rendement. C’est la cinquième plus importante levée sur le marché du crédit américain.
Pas de trêve estivale pour le marché obligataire américain. Microsoft vient d’y lever sans peine près de 20 milliards de dollars pour financer l’acquisition de LinkedIn. Le 13 juin dernier, le groupe créait la surprise en annonçant le rachat du réseau social professionnel pour 26 milliards de dollars.
L’émission obligataire, la cinquième plus grosse jamais lancée sur le marché du crédit américain, a été plébiscitée par les investisseurs. En tout, les banques chargées d’organiser l’émission auraient enregistré plus de 50 milliards de dollars d’ordres. Un engouement qui a permis à Microsoft d’emprunter à des conditions particulièrement avantageuses : 2,42 % pour la partie à 10 ans de ce mégaemprunt et 3,73 % pour sa « tranche » à 30 ans, par exemple.
Cet enthousiasme s’explique aisément. Dans un monde où des milliers de milliards de dollars de dettes offrent désormais des rendements négatifs, l’emprunt de Microsoft est apparu comme une opportunité. Le groupe dirigé par Satya Nadella est en outre l’une des deux dernières entreprises américaines à être encore notées triple A, avec Johnson & Johnson (Exxon Mobil a perdu son précieux sésame au printemps). Encore pour un moment, visiblement. Moody’s et Standard & Poor’s ont confirmé en début de semaine qu’ils n’avaient pas l’intention de revoir leur jugement, malgré le surcroît de dette lié à l’acquisition de LinkedIn.
La quête désespérée de rendement des investisseurs internationaux permet au marché du crédit américain d’accueillir de plus en plus de « jumbo » émissions, comme les appellent les professionnels. Trois des quatre opérations record du marché américain ont été lancées cette année et l’année dernière : par Dell en mai (20 milliards de dollars) dans le cadre du rachat de EMC, par Anheuser-Busch InBev (46 milliards) en janvier pour financer le rapprochement avec SABMiller et par Actavis en mars 2015 (21 milliards) avec l’acquisition d’Allergan.
« Les investisseurs européens sont de plus en plus présents sur le marché du crédit en dollars, car la politique de la Banque centrale européenne a écrasé les rendements de ce côté-ci de l’Atlantique », souligne un professionnel. Le différentiel de taux est tel que, même en prenant en considération le coût de la conversion des devises, prendre part à une opération en dollars est bien souvent plus rémunérateur que de se positionner sur un emprunt en euros.
Comme Apple – un autre émetteur récurrent sur le marché du crédit -, Microsoft a préféré lever de la dette plutôt que d’utiliser sa trésorerie. Un choix avant tout guidé par des considérations fiscales. Les conditions de marché sont telles qu’il est moins coûteux d’emprunter sur le marché obligataire que de payer les impôts liés au rapatriement du cash amassé dans les filiales à l’étranger.
avec lesechos