Son nom importe moins que sa filiation. Au Sénégal, le khalife général de la confrérie mouride est le descendant de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (dit Khadimoul Khassoul, ou encore Serigne Touba).
Si, officiellement, la confrérie que ce dernier fonda au début du XXe siècle n’est que la seconde du pays pour le nombre de ses adeptes (après la Tidjaniya), il en va autrement de son influence spirituelle et temporelle.
Le khalife général des mourides est celui face à qui les présidents sénégalais s’agenouillent le plus volontiers, afin de recevoir ses bénédictions. En période électorale, le défilé des leaders politiques à Touba, la ville sainte du mouridisme, s’apparente à une rituelle danse du ventre, même si l’intéressé ne donne jamais aucun ndiguël (consigne de vote).
Fort d’un pouvoir financier que nul, au Sénégal, ne se risquerait à inventorier, le khalife général des mourides peut compter sur la dévotion de millions de talibés – dont une part non négligeable au sein de la diaspora –, ce qui fait de Touba, de facto, un État dans l’État.
J.A.