+VIDEO Les cours de l’or noir ont perdu près de 20 % depuis leur pic de l’année en juin à plus de 50 dollars.
La fin des perturbations de la production et des stocks d’essence au plus haut pèsent sur les prix.
Coup de frein sur le rebond du pétrole depuis les plus bas franchis en janvier sous les 30 dollars. Alors que le brent de la mer du Nord, référence européenne, s’échangeait contre 52,98 dollars le 8 juin, le baril est tombé à 42,68 dollars, soit une baisse de près de 20 % marquant l’entrée dans un « bear market ». Même chose pour le WTI, référence américaine, qui est passé de 52,31 dollars à 41,23 dollars jeudi.
La relative normalisation de la production dans deux gros pays producteurs est le premier facteur qui pèse sur les prix. En effet, la hausse des cours avait été tirée par les incendies au Canada et par un conflit au Nigeria. Or, les perturbations qui avaient cours appartiennent au passé.
VIDEO : Pourquoi le prix du baril de pétrole est reparti à la baisse
Du coup, les craintes d’une offre surabondante refont surface. D’autant plus que la production américaine a augmenté pour la troisième semaine d’affilée à 8,515 millions de barils par jour. Et ce mouvement n’est pas près de s’arrêter. En témoigne la progression du nombre de plates-formes de forage aux Etats-Unis. Leur nombre s’établit à 462 selon le dernier décompte de Baker Hughes, contre 404 fin mai. Aux yeux du marché, cela veut dire que « la production de pétrole de schiste est en train de redémarrer », explique Alexandre Andlauer, analyste pétrole et gaz chez AlphaValue.
En outre, les cours souffrent des stocks outre-Atlantique qui sont repartis à la hausse. Le dernier relevé du département américain de l’Energie a fait état d’une hausse surprise de 1,7 million de barils à 521,1 millions, alors que les analystes s’attendaient à un recul de 2 millions de barils. Source de préoccupations, les réserves d’essence ont augmenté de 500.000 barils aux Etats-Unis. Il s’agit de la «cinquième hausse durant les six dernières semaines, ce qui est vraiment inhabituel pendant les mois d’été », relève Commerzbank. Un effet saisonnier, détaille Alexandre Andlauer : en prévision de la « driving season », les raffineurs ont acheté du pétrole bon marché. Ils en ont suffisamment pour alimenter le marché tout l’été et au-delà. D’autant plus que « durant les quatre dernières semaines, la demande en essence a augmenté de 2,6 % par rapport à l’an dernier, ce qui n’est pas suffisant pour absorber l’offre plus importante », soulignent les analystes de Commerzbank. Les raffineurs ne vont donc pas acheter de pétrole dans les semaines à venir. Même phénomène en Chine où les raffineurs disposent de quotas pour importer du pétrole. « Ils les ont utilisés à 70-80 % dans la première partie de l’année », quand les prix étaient au plus bas, rappelle Alexandre Andlauer.
Vers un retour à 50 dollars ?
Est-ce à dire que le pétrole va repasser sous les 30 dollars comme en janvier, enfonçant ainsi un plancher vieux de douze ans ? Pour la très pessimiste banque américaine Morgan Stanley, la rechute des cours devrait s’arrêter à 35 dollars environ : « Nous voyons des tendances inquiétantes concernant l’offre, la demande, les produits raffinés, la macroéconomie, qui pourraient converger vers la fin de l’été. D’où notre biais pessimiste », écrit l’établissement dans une note. Plus globalement, les analystes misent sur un baril à 50 dollars d’ici à la fin de l’année. Et ce, malgré la correction en cours.
Avec Les Echos