Travailler c’est bien, mais avec des pauses c’est mieux. Une étude menée par deux chercheurs en management vient le rappeler. Mais, pour être efficace, la pause doit être un vrai moment de lâcher prise.
À toute heure de la journée, que vous veniez d’arriver dans les bureaux de l’entreprise, que la pause déjeuner vienne de se terminer ou que vous en profitiez pour couper l’après-midi en deux, il n’est pas rare de vous retrouver vautré sur un pouf confortable, les yeux dans le vague, dans l’attente (longue) de votre café allongé, en face de la machine qui n’en finit plus de ronronner. Rassurez-vous (ou pas), vous n’êtes pas un glandeur en mal d’occupation. Vous prenez simplement le temps de souffler, et vous avez bien raison.
C’est d’ailleurs le constat réalisé par deux chercheurs français spécialisés en management au sein de la Grenoble Ecole de Management, Cyril Couffe et Caroline Cuny. Mais attention, si la pause consiste seulement à aggraver le stress – en allant consulter les annonces de location sur votre smartphone si vous êtes en recherche de logement, par exemple -, elle n’aura que peu d’impact sur votre capacité de concentration le reste de la journée. Le plus efficace est de se laisser aller à l’errance mentale.
Vous avez dit errance mentale ? “Lever ses inhibitions, laisser vagabonder ses idées, ses sentiments, ses sensations permet de stopper la chute de la performance”, détaillait récemment Cyril Couffe dans une interview aux Echos. Pour le prouver, le chercheur a réalisé deux études, avec ses étudiants en école de commerce et un groupe de 60 salariés. À chaque fois, étudiants ou salariés étaient divisés en trois groupes et avaient pour mission de s’atteler à une tâche difficile durant 45 minutes, avec ou sans pauses.
Résultat ? Le premier groupe, qui n’avait pas la possibilité de faire des pauses, a connu une productivité désastreuse. Le deuxième, qui pouvait faire des pauses de 60 secondes tous les quart d’heure, mais sans errance mentale, a eu des résultats similaires. En revanche, le troisième et dernier groupe, qui opérait un véritable lâcher prise pendant les pauses a obtenu des performances supérieures de 10% à tous les autres.
Écouter des contes pour lâcher prise
Pendant ces différentes expériences, les chercheurs ont aussi remarqué que les individus avaient du mal à lâcher prise seuls pendant les pauses. “Nous avons donc construit des exercices pour y arriver (…), tels que des mini-contes à écouter”, témoigne Cyril Couffe aux Échos. À cela s’ajoute parfois un sentiment de culpabilité du salarié s’essayant aux moments d’oisiveté, qui peut transformer les pauses en facteur de stress. Il faut alors que l’entreprise dans son ensemble comprenne les “vertus de l’errance mentale”. Vaste programme.
Avec capital