En principe, la loi protège les salariés qui refusent d’être contactés pendant leurs congés par leur employeur. En pratique, les abus existent et ils sont rarement voire jamais sanctionnés.
A l’heure des smartphones, même si le droit à la déconnexion est consacré par la loi Travail, rester sourd aux appels ou aux mails de son employeur pendant ses vacances n’est pas un réflexe pour tous.
Pourtant, il s’agit bien d’un droit, rappelle Mikaël Klein, avocat associé au cabinet d’avocats LBBa, spécialisé dans le droit du travail et en particulier l’assistance aux salariés, aux comités d’entreprise et aux syndicats.
L’employeur a-t-il le droit de contacter un salarié pendant les vacances?
En principe non. Par définition, les congés payés sont un temps de repos pendant lequel le salarié n’a pas à fournir de prestation de travail. Or contacter un salarié pour lui parler de son travail, que ce soit sur son téléphone personnel ou professionnel, revient à lui imposer une telle prestation.
L’entreprise peut-elle être sanctionnée pour cela?
Il y a extrêmement peu de jurisprudence sur le sujet. Il existe bien un arrêt de la Cour d’appel de Versailles qui, en 2012, a reconnu que le fait, pour un salarié, d’être systématiquement dérangé pendant les vacances constituait un manquement grave de l’employeur à ses obligations contractuelles justifiant la rupture du contrat de travail du salarié aux torts exclusifs de l’employeur, mais cette décision a été censurée par la Cour de Cassation qui a relevé que les manquements de l’employeur étaient anciens. La question reste donc ouverte.
Que risque-t-on à ne pas répondre à son employeur?
Rien sur le plan juridique puisque la jurisprudence interdit de sanctionner un salarié refusant d’être contacté pendant ses vacances. En revanche, cela peut créer des difficultés dans la pratique. Il est en réalité fréquent que les salariés répondent aux sollicitations de leur employeur pour apporter leur expertise ou leur connaissance d’un dossier précis et ainsi éviter de mettre leur employeur en difficulté. Le salarié sait que, s’il ne répond pas, il risque d’être mal vu et de le payer d’une façon ou d’une autre à l’avenir… Mais ce temps d’intervention devrait être décompté comme du travail.
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En pratique, est-ce réellement le cas?
En ce qui concerne les cadres, qui sont les premiers concernés par ce sujet, c’est rarement voire jamais le cas. Ça l’est d’autant moins que le temps de travail des cadres se décompte le plus souvent en jours et qu’il est difficile de demander à son employeur de décompter un jour de travail pour un travail qui a pu durer quelques minutes ou quelques heures.
Comment procéder alors pour faire respecter ses droits?
Agir en justice est radical, surtout compte-tenu des enjeux financiers souvent modestes. Le mieux est soit d’obtenir une compensation du travail fourni, par le paiement du temps correspondant à l’intervention lorsque c’est possible ou par du repos supplémentaire. Il ne faut aussi pas hésiter à se faire aider par les instances représentatives du personnel voire par l’inspection du travail.
Avec L’Express