Le japonais Funai, dernier fabricant connu de magnétoscopes, va stopper la production d’appareils cet été.
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Celui du magnétoscope. Il est désormais révolu. Le japonais Funai, dernier fabricant connu pour en vendre encore après le retrait de Panasonic du marché en 2012, a annoncé qu’il allait stopper la production d’ici la fin du mois de juillet.
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, dans un monde où Netflix et YouTube règnent en maître sur l’univers de la vidéo, il existait encore un marché pour le magnétoscope : l’an dernier, Funai en a ainsi vendu 750.000, essentiellement en Chine, sous la marque Sanyo. Un rapide coup d’oeil sur le site web de la société nipponne permet effectivement de retrouver dans le catalogue de produits des appareils combo, mêlant lecteurs de DVD et de cassettes VHS.
Les raisons de cet arrêt sont logiques. « Un de nos fournisseurs jugeait difficile de continuer à fabriquer un composant pour un aussi faible volume, ce qui nous a conduits à prendre cette décision », a expliqué Funai. Au début des années 2000, la société écoulait encore 15 millions de magnétoscopes par an. C’était l’âge d’or d’une industrie, qui aura vendu au total plus de 900 millions d’appareils dans le monde.
Révolution
Les premiers produits sont apparus à la fin des années 50. Destinés aux professionnels de la télévision, ils ont révolutionné la façon de diffuser des émissions. Les premiers appareils grand public apparaissent à partir de 1975. Le marché se caractérise alors par une bataille de standards technologiques dont l’industrie électronique a le secret. Sony défend la technologie Betamax quand son compatriote JVC tente de promouvoir la VHS. C’est le second qui remportera la bataille, le Betamax restant cantonné à un usage professionnel – Sony ne vend plus de cassettes depuis l’an dernier.
A l’aube du XXIème siècle, le magnétoscope est l’élément indispensable de tout meuble TV : 93 % des foyers américains et 80 % des foyers français étaient ainsi équipés. L’arrivée du DVD va signer le déclin progressif de la VHS. Après un pic à 2,7 millions d’unités en France en 1999, les ventes de magnétoscopes seront dépassées par celles des lecteurs DVD en 2002, et baisseront inexorablement par la suite.
Le magnétoscope et les VHS sont donc à ranger au rayon des archives de l’industrie électronique, aux côtés du walkman et les cassettes audio. A moins qu’ils ne trouvent un second souffle, à l’instar du vynil, donné pour mort il y a vingt ans, mais qui rebondit depuis quelques années, et les platines avec. « C’est peu probable, estime Tania Loeffler, analyste chez IHS, interrogée par la BBC. Beaucoup de personnes appréciaient la chaleur et le son très spécial du vynil. Je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de gens qui regrettent la qualité vidéo de la VHS ». L’histoire ne se rembobinera pas forcément pour cette fois.
avec lesechos