Cinq établissements du système de santé québécois se tournent de nouveau vers la France pour embaucher des infirmières. À lui seul, le CHUM voudrait en recruter 500. La nouvelle mission de recrutement se tiendra à la fin du mois de mai.
Un texte de Davide Gentile
L’automne dernier, une cinquantaine d’infirmiers et infirmières ont été embauchés pour venir travailler au Québec. Une trentaine se retrouvent au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Mais l’établissement cherche 70 infirmières cliniciennes en plus. D’autant plus que la direction confirme que le manque d’infirmières ralentit le développement des activités.
Même après avoir passé son premier hiver plutôt froid, Julie Porte semble enchantée d’avoir choisi de travailler au Québec.
Elle fait partie d’un groupe d’une demi-douzaine d’infirmiers et infirmières françaises qui commencent leur formation au Centre Hospitalier de l’Université de Montréal. « C’est un hôpital qui a des hyperspécialités et toutes les innovations technologiques. Donc pour moi, c’est parfait! » dit la jeune femme de 28 ans.
L’an dernier, une trentaine d’infirmiers et infirmières ont été recrutés lors d’une mission en France. Mais les objectifs du CHUM n’ont pas été atteints. « Notre stratégie est d’aller en chercher une centaine au total. Donc on repart début mai pour aller chercher les 70 qui nous manquent », dit Renée Descôteaux, directrice des soins infirmiers du CHUM.
Le PDG du CHUM reconnaît que le défi est important. « Comme tous les autres, nous avons un problème de recrutement. Mais en plus, nous avons des niveaux de spécialisation qui requièrent un plus grand nombre d’infirmières qui sont plus spécialisées! » dit Fabrice Brunet.
Combien d’infirmières manque-t-il au CHUM?
Il nous en manque 100 de façon urgente. Mais on voudrait en recruter 400 à 500.
En entrevue avec Patrice Roy, il admet que la pénurie peut ralentir l’ouverture de certains départements. « Tout à fait. Mais c’est le cas de tous les établissements », dit Fabrice Brunet.
Plusieurs médecins disent à micro fermé que le manque de personnel ralentit le démarrage du CHUM. « C’est une demi-vérité », affirme la directrice des soins infirmiers Renée Descoteaux. « On a choisi de ne pas reprendre à plein régime pour mieux intégrer les équipes », dit-elle. Mais les besoins sont réels. « On prendrait facilement 200 infirmières de plus que celles qui sont prévues d’ici l’automne », précise Mme Descoteaux.
Les diplômés universitaires ont la cote
Elle pense que les professionnels français sont une partie de la solution. Ils représentent 10 % des infirmiers et infirmières embauchés depuis un an. « La qualité est extraordinaire. On est très contents des infirmières qu’on recrute ».
Leur formation est équivalente à celle offerte dans les universités au Québec. Et comparativement aux formations données dans les cégeps, le cours universitaire correspond mieux aux besoins d’un centre spécialisé comme le CHUM. « Ça permet à l’infirmière d’être un excellent vis-à-vis avec ces autres professionnels qui eux ont des formations universitaires », dit Mme Descôteaux. De plus, les Françaises comme Julie Porte peuvent être fonctionnelles rapidement.
Ici, je peux exercer avec une équivalence. Je n’ai pas besoin de tout recommencer.
Au CHUM, les Français et Françaises font un stage de 75 jours. « On est jumelés pendant 35 jours et on est vraiment orientés encadrés. Après on est seuls et on a encore trente jours pour faire nos preuves », relate Albin Néris, infirmier d’origine française qui travaille au CHUM depuis 4 ans. « Pour bien s’intégrer, il faut aussi effacer une partie de ce qu’on connaît », dit le jeune homme.
Le taux de rétention semble assez bon en ce qui a trait aux infirmières, qu’elles soient d’origine française ou non. Mais le CHUM fait des efforts pour appuyer les recrues. « On est plusieurs infirmières de la relève qui leur parlent pour les retenir avec nous », relate Jennifer Pierre.
Assistante-infirmière-chef, elle est aussi présidente du comité relève jeunesse. Un outil de plus dans cette campagne de recrutement et de rétention. La grande patronne des soins infirmiers est confiante. « C’est facile d’attirer les gens au CHUM. On est un hôpital de pointe. » dit-elle.
Difficile de quantifier le problème de recrutement d’infirmières au Québec. Mais cinq autres établissements de santé québécois se rendent aussi en France à la fin du mois de mai pour recruter des infirmières cliniciennes. Deux établissements de la Montérégie, le CISSS de Lanaudière, un établissement de Québec et l’Hôpital Sainte-Justine seront de la partie.
Avec radio-canada