Au Sénégal, près de 3 000 personnes ont participé au rassemblement du 1er mai à Dakar sur fond de situation sociale tendue. Un défilé très politique à moins d’un an de la présidentielle dont le premier tour est prévu pour la fin février 2019.
Balayés par les bourrasques de vent, on aperçoit les drapeaux des travailleurs des secteurs du pétrole, de l’hôtellerie, du secteur public ou encore de l‘industrie. En façade, l’unité syndicale est de mise. Mais et c’est bien la première fois que soutiens et opposants au pouvoir défilent ensemble.
Il y a donc, comme Mamadou Diawara, les fâchés : « Eux, ils ne veulent pas que les gens puissent avoir un syndicat pour pouvoir manifester et demander leurs droits. Ce qu’ils veulent, c’est opprimer les gens ».
Deux rangs derrière, en boubous assortis, un collectif se présente comme un groupe de syndicalistes responsables. Noël Seck est donc venu féliciter le président Macky Sall : « Lui, il travaille sincèrement, sans parler. Le président parle pour faire désintéresser les personnes qui ne comprennent rien, les illettrés. Mais le président Macky Sall travaille vers l’émergence. Il travaille sans parler, sans communiquer. Mais c’est l’opposition qui ne vient pas ».
Dans le cortège, il y a aussi quelques anciens. Souvent fatigués par les années de travail, mais qui restent militant. Abdoulaye Seck a connu Mai 68, mais 50 ans après, c’est un homme abattu qui continue néanmoins à militer : « Rien n’a changé. Rien. C’est devenu pire, même. On n’embauche plus. Maintenant, il n’y a plus d’embauche. C’est dur, très dur. On continue à se battre ».
Cheikh Diop est secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal. Il estime que le dialogue social proposé par le gouvernement n’est pas suffisant en l’état, que les droits des travailleurs ne sont pas pris en compte. « Ce 1er-Mai est fêté sous le signe de l’unité, du renforcement du mouvement syndical pour la restauration de nos droits, pour le renforcement de notre pouvoir d’achat, mais aussi pour le relèvement des salaires, et surtout pour l’équité dans le traitement des agents de la fonction publique. Aujourd’hui, le dialogue social sénégalais a pris des tendances que nous devons nécessairement renverser. Nous notons une crise aiguë dans le secteur de l’éducation, de la santé, mais aussi dans le privé. Ce dialogue n’est pas un dialogue social porté de progrès, de conquête, qui améliore la situation des travailleurs. »
La lutte continue donc pour les travailleurs du Sénégal. Une lutte qui sera sans aucun doute mêlée, perturbée par les éternelles promesses électorales de la campagne présidentielle.
Avec RFI