Masqués et vêtus de noir, ces jeunes hostiles aux institutions mènent des actions spontanées, voire violentes, lors des manifestations alter-mondialistes. Regroupés sous l’appellation «Black Blocs», ils sont mis en cause par la police dans les débordements du défilé parisien du 1er-Mai, ce mardi.
«En amont» du cortège syndical traditionnel, «un autre cortège s’est constitué de personnes dites radicales pour l’essentiel», a déclaré le préfet de police de Paris Michel Delpuech. «Ce cortège a regroupé un volume extrêmement important de personnes, 14.500», parmi lesquelles «s’est glissé un groupe de 1.200 blacks blocs, des personnes qui s’habillent de noir, qui se cagoulent et se protègent au moment où ils vont passer à l’acte pour des exactions».
Restaurant McDonald saccagé, voitures brûlées, vitrines détruites… Le cortège a rapidement été émaillé d’incidents en dépit des précautions prises lundi par le préfet pour prévenir les risques de troubles à l’ordre public. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de lanceurs d’eau et plus de 200 individus ont été interpellés.
«Beaucoup sont issus de la mouvance anarchiste»
«Les Black Blocs forment, dans les manifestations, des groupes éphémères, dont l’objectif est de commettre des actions illégales, en formant une foule anonyme non identifiable», expliquait en 2014 Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l’Intérieur.
«C’est la raison pour laquelle ces individus portent des vêtements noirs ou très sombres, ce qui rend difficile le travail d’identification et d’interpellation. Ils s’habillent ainsi au dernier moment, et changent immédiatement de tenue une fois les exactions terminées», poursuit-il. Selon lui, ils sont «pour beaucoup issus de la mouvance anarchiste» et participent à «tous les combats alter-mondialistes violents».
Combien sont-ils en France?
Les «Black Blocs» avaient notamment causé des incendies et des dégradations en marge du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en 1999 et de celui de l’Otan dix ans plus tard à Strasbourg et à Kehl (Allemagne).
En France, «autour d’un millier» de personnes feraient partie de la mouvance plus large des «autonomes» – dont sont issus les «Black Blocs» – estime Rémy Piperaud, auteur d’un mémoire sur le sujet à l’université Versailles-Saint-Quentin.
«Le refus du principe de représentation est l’un des rares éléments idéologiques fédérateurs» du mouvement «constitué essentiellement de squatteurs et d’étudiants», analyse Rémy Piperaud.
Haine de la police et soutien aux zadistes
«Ils ont une haine des forces de l’ordre. Hier, sur certaines façades à Nantes, on pouvait lire “une balle=un flic”», ajoute Pierre-Henry Brandet. Selon lui, les militants présents à Nantes «sont pour une bonne partie installés au cœur de la ZAD, la “zone à défendre” de Notre-Dame-des-Landes». «Ce sont eux qui, très régulièrement, prennent à partie les forces de l’ordre pour défendre ce qu’ils considèrent comme “leur” territoire», dit-il.
Prudents, les «Black Blocs» évitent en général toute action coordonnée mais ils communiquent toutefois par l’intermédiaire de sites d’information ou de socialisation sur internet. Leur action se veut spontanée, hors cadre syndical ou politique.