Depuis quelque temps, à la faveur de l’actualité autour de Brenda Eyinga Biya, des compatriotes reparlent des biens du président de la République du Cameroun.
Le débat fait rage dans les réseaux sociaux. 237online.com Dans l’opinion, simples curieux et compatriotes de la société dite bienpensante en parlent du loyer de Brenda Eyinga Biya. Mais aussi de la fortune présumée colossale du chef de l’Etat, président de la République du Cameroun, M. Biya, qui exerce au haut niveau de l’administration publique camerounaise, depuis son retour des études en France en 1962, une vie publique de plus de 50 ans donc. Normal que son loyer, ses déplacements, ses visites médicales, etc., soient entièrement pris en charge par le trésor public. Normal également qu’il ne sache pas depuis des décennies, comment on achète du carburant, du sucre ou du pain. Du fait de son parcours, il dispose d’un hôtel particulier dont il ignore les détails de la gestion depuis de nombreuses années. C’est dire si le président de la République n’est pas un citoyen ordinaire. Et pourtant, différentes organisations ont, plus d’une fois, publiées des rapports sur sa fortune supposée.
C’est ainsi qu’en mars 2007, le Comité catholique contre la faim et pour le développement (Ccfd-Terre solidaire) détaillait une partie des biens des chefs d’État. L’enquête portait le titre «Biens mal acquis». Elle tendait à démontrer que les montants mis en cause proviennent des milliards d’euros détournés par ces dirigeants, notamment africains. Les premières plaintes contre des présidents corrompus s’appuyèrent ultérieurement sur les conclusions du document. Deux ans après, en 2009, l’Ong était revenue à la charge à travers une deuxième étude intitulée «Biens mal acquis, à qui profite le crime?» Rendue public le mercredi 24 juin, le document pointait du doigt la corruption comme principale cause de l’enrichissement démesuré des dirigeants notamment africains. Parmi les chefs d’Etat visés, le président Paul Biya. 237online.com Dont on disait alors qu’à peine devenu chef d’État, Paul Biya faisait parler de lui à propos de son patrimoine. Le 16 mars 1983, Le Canard enchaîné dévoilait deux acquisitions présidentielles en France: l’une à avenue Foch, à Paris, l’autre sur la Côte d’Azur, à Cagnes-sur-Mer. Or, vérifications faites, l’on se rendra compte que les acquisitions évoquées sont le fait du citoyen Paul Biya et non du président. Généralement présenté comme un homme pare vertueux, le président de la République a toujours prôné une certaine discipline dans la dépense publique: «Il nous faut assurément recourir à la moralisation de la vie publique», ainsi qu’il le dit au journal français, L’Événement du jeudi en mai 1997.
RÉSIDENCES
D’après les coauteurs de l’enquête du Ccfd, Antoine Dulin et Jean Merckaert, «entre 105 et 180 milliards de dollars (75 et 130 milliards d’euros) ont été perçus par une trentaine de dictateurs» africains, américains, asiatiques et européens. «On estime que la fortune du président camerounais et de sa famille approche les 70 millions d’euros, dont des châteaux en France et en Allemagne, à BadenBaden. Un de ses proches, le Pr Titus Edzoa, estime aussi que c’est le Camerounais le plus riche».
Parmi les résidences françaises, le journal camerounais L’Expression évoquait en 1997 celle du lieu-dit «de la ferme des bois» à Gambais (Yvelines), d’une valeur estimée de six millions d’euros à l’époque. Selon les journalistes de Germinal, en 2008, «Paul Biya serait aussi actionnaire de plusieurs sociétés». D’autres arguments sont avancés dans le sens de présenter comme élevé, le traitement du président Biya.
Ainsi en est, de ceux qui estiment que «durant les 50 dernières années, M. Paul Biya a annuellement gagné (en moyenne) l’équivalent du salaire du président des Usa, c’est-à-dire 400 000 dollars par an». Et pourtant, les tenants de cette thèse reconnaissent eux-mêmes que ledit revenu annuel est inférieur à ce que perçoivent certains directeurs généraux au Cameroun. Toujours est-il qu’ils soutiennent qu’au regard «des postes qu’il a occupés par le passé, et le poste qu’il occupe depuis 34 ans, il est évident de dire qu’il est parmi les fonctionnaires les mieux payés du Cameroun depuis au moins 50 ans». Les tenants de cette thèse évaluent à plus de 70 milliards de Fcfa les avoirs en numéraire du président de la république qu’ils disent faire des placements dans les fonds d’investissements de Londres et NewYork. Surtout que sur leur lancée, le magazine économique américain Forbes a publié en 2014, la liste des chefs d’Etats africains les plus riches. Aux côtés des Dos Santos (1er), Mohamed VI (2e), Teodoro Obian Ngema (3e) et autres Uhuru Kenyatta (4e), Idris Déby ou encore Robert Mugabe, le président du Cameroun était classé 5e. Le locataire d’Etoudi depuis 1982, disposerait d’après ce classement une fortune estimée à 200 millions de dollars américains. En admettant que toutes ces informations soient avérées, elles ne devraient pas émouvoir l’opinion ni même ceux qui suivent de près la vie publique au Cameroun. Et pour cause, la longévité du président de la République dans les plus hautes sphères de l’Etat justifie qu’il accumule certains biens. Voire un certain niveau de biens.
Notamment parce que ses hautes fonctions lui donnent d’être intégralement pris en charge, toute sa famille avec. Il apparait donc illusoire de s’émouvoir de certaines dépenses de certains de ses proches parmi lesquels les enfants qui peuvent pécher par naïveté et ignorance. Mais, à la réalité, comparés à certains, les 70 milliards de Fcfa présentés comme fortune du président de la République ne représentent rien à côté d’un certain Uhuru Kenyatta, qui n’est qu’à son premier mandat. Mais dont les biens sont certainement antérieurs à son avènement au pourvoir.
Il reste cependant que le chef de l’Etat pourrait faire évoluer ce débat finalement lassant et stérile s’il avait souscrit à l’article 66 de la Constitution sur la publication des biens. Le matche serait totalement «tué», pour reprendre la rie camerounaise.
avec actucameroun