A Madagascar, le président de la République Hery Rajaonarimampianina répond aux députés de l’opposition et aux manifestants de la place du 13 Mai. Dans une interview accordée hier soir, dimanche 29 avril, à la presse internationale (RFI/AFP/Le Monde) le chef de l’Etat malgache est revenu sur ces contestations qui ont débuté il y a dix jours. Mercredi 25 avril, les députés de l’opposition ont déposé une requête de destitution du président de la République devant de la Haute Cour Constitutionnelle. Une opposition qui demande depuis le début de la semaine la démission du chef de l’Etat après que la manifestation du samedi 21 avril pour contester les nouvelles lois électorales a dégénéré et fait au moins deux morts. Hery Rajaonarimampianina au micro de notre correspondante.
RFI : Depuis le 21 avril, les manifestants demandent votre démission immédiate. Que leur répondez-vous aujourd’hui ?
Hery Rajoanarimanpianina : Je leur réponds de manière très, très simple que je suis président par la volonté du peuple malgache. Il y a des millions de personnes qui ont voté pour moi et ce serait vraiment trahir cette volonté du peuple malgache que de démissionner.
Au moins deux personnes sont mortes durant la manifestation du 21 avril. Les forces de l’ordre sont accusées d’avoir tiré à balles réelles sur les manifestants. Que répondez-vous ?
Je pense que personne n’a donné des instructions aux forces de l’ordre pour tirer et surtout, pour tirer avec des balles réelles. Ça, c’est toujours une méthode pour dire que le responsable, c’est le gouvernement, ce sont les autorités. Mais je peux vous dire sans préjuger sur les résultats – parce que vais laisser la commission indépendante faire son travail –, les premiers résultats de l’autopsie nous disent que ce ne sont pas les militaires qui ont tiré, en ce qui concerne le décès, mais il y avait un blessé ou une blessée, sur lequel ou laquelle on a retiré une balle et c’était une chevrotine. Donc, est-ce que les militaires utilisent des chevrotines ? C’est pour vous dire que cela fait réfléchir. On veut imputer sur l’Etat une responsabilité qui n’est pas la sienne.
Vous avez évoqué le risque d’un coup d’Etat. Avez-vous peur d’être renversé ?
J’ai déclaré que c’était purement et simplement un coup d’Etat. Donc, ce n’est pas une question de peur d’être renversé ou non.
Les manifestants se plaignent de ne pas pouvoir manger à leur faim. Leurs conditions de vie sont très difficiles. Est-ce que cela est un échec pour vous ?
Qui vous dit, si l’on regarde les paramètres macro-économiques… Je vous engage à voir cela. C’est trop facile de dire cela. Je ne peux pas dire non plus qu’il n’y a plus de pauvres. Mais il faut qu’ensemble , on travaille.
L’opposition dénonce aussi, le nœud du problème c’est cela, les lois électorales qu’elle juge favorables au HVM. Elle dénonce aussi les conditions dans lesquelles ces lois ont été votées. Pensez-vous qu’elles devraient être revotées ?
Tout le monde a été appelé de manière inclusive et participative à la discussion concernant le processus électoral. Et, bien évidemment, il appartient au gouvernement d’élaborer ces lois, de les soumettre au Parlement. Et je peux vous dire que les règles d’approbation et de vote de ces lois ont été respectées scrupuleusement.
Il n’y a pas eu de corruption de députés ?
Si vous le dites, donnez-moi des preuves.
Est-ce que vous avez demandé l’appui d’une médiation internationale ?
Non, je n’ai pas demandé. Mais tout cela, je crois que ça fait partie d’un processus d’accompagnement de Madagascar par l’international. Cette semaine, on a eu, moi, en tout cas, j’ai eu, plusieurs rencontres avec elle, avec cette communauté internationale…
Qui avez-vous rencontré ?
Des ambassadeurs qui représentent cette communauté internationale. Je leur ai montré ma disponibilité de trouver une solution. C’est mon rôle, je suis le père de la Nation. Et j’ai toujours démontré ma volonté, depuis le départ, de s’ouvrir à tout le monde, de discuter.
Vous invitez l’opposition à venir discuter, dialoguer avec vous ?
Pourquoi pas ? On est dans une logique d’aller vers les élections, trouver l’apaisement et la stabilité dans ce pays. Donc, s’il y a des problèmes ou des questions à discuter, je pense que c’est autour d’une table qu’on doit discuter, mais pas dans la rue.
Que pensez-vous des candidatures de Marc Ravalomanana et d’Andry Rajoelina ?
Je ne sais pas quel est le fond de la question, mais je n’ai pas à m’exprimer. Je ne sais pas s’ils sont tous les deux véritablement candidats ou non. Je pense que l’un a déjà annoncé sa candidature, l’autre, peut-être un peu aussi. Mais voilà… On ne fait que prendre acte de cela. Donc, que voulez-vous que je dise de plus ?
Quelles sont vos relations avec eux ?
Mes relations sont des relations qui ne sont pas du tout dans le cadre d’une logique d’affrontement.
Vous-même, vous les avez rencontrés récemment ?
Récemment, non… Le président Rajoelina c’était en 2014, dans le cadre de la réconciliation nationale. Par contre, monsieur Ravalomanana je l’ai rencontré à plusieurs reprises déjà, dans ce lieu.
Est-ce que vous voyez un inconvénient à ces deux candidatures à l’élection présidentielle ?
Mais pas du tout, pas du tout. S’ils sont candidats et que les dispositions légales leur permettent de l’être, il n’y a pas du tout d’inconvénients. Et d’ailleurs, il n’appartient pas à un président en exercice de choisir tel ou tel candidat ou d’empêcher tel ou tel candidat, s’il devait l’être.
Et que pensez-vous du fait qu’ils se soient rendus sur la place du 13 mai la semaine dernière ?
Ceci m’étonne. Parce que, si on est candidat, me semble-t-il, on est candidat dans le cadre des élections, mais pas dans le cadre d’une manifestation dans la rue.
Avec RFI