L’érosion du littoral, les effets du réchauffement sur la santé… Sciences et Avenir 821, daté juillet 2015, fait sa couverture sur le climat. Présentation par Dominique Leglu, directrice de la rédaction du magazine.
Alors, va-t-on devoir produire le champagne dans le sud de l’Angleterre, le bordeaux en Bretagne et le Boulaouane en Provence ? Redoutable question identitaire à la française ! A laquelle Sciences et Avenir tente ici de répondre, six mois avant le grand raout sur le climat en décembre à Paris. Réunion mondiale qui, n’en doutons pas, tournera au ballet diplomatique. Avant la politique, voici donc l’information scientifique. Dès ce mois de juillet, nous avons voulu vous apporter, chers lecteurs, des réponses aussi concrètes que possible. Sur ce que le changement climatique nous réserve, à nous Français, pour très bientôt, quand nos enfants ou petits-enfants nés aujourd’hui seront devenus trentenaires. Y aura-t-il des gagnants et des perdants ? En métropole, mais aussi aux Antilles et en Guyane ou à La Réunion auxquelles nous avons consacré des éditions spéciales. Comment s’y préparer ? La carte que nous avons établie en ouverture de ce dossier majeur (lire p.28-29 du magazine) devrait parler à tous. Paris connaîtrait les températures de Toulouse, Toulouse celles de Barcelone. A Dunkerque, se profile La Corogne (Espagne), et à Ajaccio… Alger. Pour qui aurait encore des doutes, rappelons ce que nous disait en mars, non sans ironie, Jean Jouzel, médaille d’or du CNRS et vice-président du Giec (1), à propos des rapports successifs de cette instance intergouvernementale. Depuis un quart de siècle, aux questions “la Terre se réchauffe-t-elle et le climat va-t-il changer ?“, les experts du monde entier ont successivement répondu “on ne sait pas” (1990), “probablement” (2001), “très probablement” (2007). Et aujourd’hui ? C’est quasi sûr…
Rapportée au territoire français, cette nouvelle donne climatique nous a interrogés. Et pas seulement sur l’épineuse question du “mix énergétique”, qui sera au cœur des discussions de décembre, nucléaire en tête (p.40-41) pour la France (2). Notre équipe de journalistes a épluché de multiples études et le constat est sans appel: il va falloir s’adapter partout. D’abord sur les côtes, parce que l’érosion, déjà à l’œuvre, ne va faire que croître. Ce devrait être une absolue priorité de nos édiles que de surveiller le littoral. Puis, on découvre que la métropole va se diviser en deux, avec un Nord assez favorisé par des pluies hivernales et un Sud plus que jamais affecté par la sécheresse et les canicules. La vigne et ses viticulteurs, le deuxième poste d’exportations français, sont déjà sur le pied de guerre. Avec 1°C de plus en moyenne, les cultures doivent migrer plus de 100 km vers le nord (p.34-35). Les céréales qui doivent ici faire avec le manque d’eau, des arbres qui là disparaissent. Et des plantes allergisantes et des moustiques vecteurs de maladies tropicales qui se font envahissants… Nos six cartes vous aideront, nous l’espérons, à vous y retrouver. Et à vous préparer.
(1) Groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat.(2)Le reportage exclusif de Dominique Leglu le 12 juin 2015 à la centrale accidentée de Fukushima.
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