Le riz local est confronté à la mévente. Conséquences, le fruit du travail des braves femmes étuveuses se retrouve stocké dans des magasins loin des points d’approvisionnements des grands groupes de consommateurs que sont l’armée, les écoles, les hôpitaux. Impliqué dans la campagne de plaidoyer auprès des autorités, le directeur pays d’Oxfam a déclaré que le riz produit au Burkina par les Burkinabè ne devrait pas faire l’objet de publicité.
La visite des sites en réhabilitation des berges de même que les canaux secondaires de drainage des eaux des barrages de Zoungou et de Mogtédo par la délégation tripartite ce mercredi 20 juillet 2016 n’a pas eu lieu. Elle s’est contentée du rapport dressé par l’agence Conseil AGEIM et les représentants des producteurs. Cet avortement est la conséquence des inondations des sites en construction rendant impossible leur accessibilité.
« Témoin des inondations qui frappent le Burkina » de Ouagadougou à Mogtédo et qui ont fait de sa journée une « journée une peu particulière », Jean Bernard Dubois, directeur de la coopération suisse dit avoir pris connaissance de la menace de celles-ci. Elles «posent un problème particulier pour ce périmètre et pour les travaux du projet », a-t-il dit. Une inquiétude fondée. Son pays finance le Programme de modernisation de l’agriculture familiale (PAMEFA) à hauteur de 6 milliards de francs CFA.
Il n’y a pas que la pluie de la veille, qui a contribué à causer du retard. Il y a eu la « grosse pluie » du 6 juillet 2016. « Cela a été un facteur de ralentissement », note Nana Fatoumata Benon/Yatassaye, gouverneur de la région du Plateau central.
Face à la menace, Jean Bernard Dubois a déclaré qu’« on doit vraiment s’assurer que le plan directeur dans lequel s’inscrivent les actions du projet est durable, afin que les investissements soient faits en connaissance de cause ».
Exécuté en conformité avec le projet Haute intensité de main d’œuvre (HIMO), la gouverneure a émis le vœu qu’« il y ait beaucoup de cohésion pour que l’objectif in fine soit atteint ».
Du « riz étuvé en souffrance dans nos magasins »
Le but de la manœuvre, c’est de contribuer à travers la culture du riz à lutter contre l’insécurité alimentaire contre laquelle le pays se bat depuis belle lurette et à la réduction de la pauvreté des ménages. « Nous produisons du riz de très bonne qualité », note la gouverneure.
Mais, ce riz de très bonne qualité manque de consommateurs. Omer Kaboré, directeur d’Oxfam Burkina, pense savoir où se situe le goulot d’étranglement. « Pour une grande consommation, une grande demande de la part du grand public, dit-il, et si chacun s’intéressait un peu au riz étuvé, comprenait un peu les avantages qu’il peut tirer par la consommation de ce riz étuvé, pour sa santé et pour son épanouissement, je pense qu’il n’y aurait plus de riz étuvé en souffrance dans nos magasins ».
Omer Kaboré a fait part de ce qui pourrait selon lui œuvrer pour une demande accrue du riz local. « On a l’armée qui consomme beaucoup le riz », affirme-t-il. Toujours selon lui, ces produits de qualité doivent être destinés à nos populations qui sont dans des situations particulièrement sensibles.
« On ne devrait même pas faire de la publicité du riz local », assure-t-il. Face au manque d’écoulement, juge Omer Kaboré, « il est nécessaire d’appeler à la conscience populaire de telle sorte que nous nous engageons tous pour être une partie des solutions à ce grand problème qui est posé ».
avec Burkina24