Au Gabon, la société civile dénonce la détérioration du climat général à quelques semaines de la présidentielle du 27 août. Sur décision du parquet de Libreville, vendredi 15 juillet, 24 militants ont été incarcérés. Parmi eux, se trouvent des leaders syndicaux qui avaient été arrêtés samedi 11 juillet lors de la dispersion d’un rassemblement de l’opposition. Du côté du gouvernement, on indique que ce sont « les casseurs » qui ont été arrêtés.
D’après des membres de la société civile, la police recherche toujours deux responsables de mouvements de jeunes : Enrique Manboundou et le rappeur Bung Pinz, qui font partie des animateurs de la manifestation du 9 juillet. La police est intervenue au domicile de Bung Pinz aux premières heures du samedi 16 juillet. Comme il n’était pas chez lui, ils ont arrêté deux de ses frères, selon un membre de la famille qui nous a, par la suite, précisé que les deux hommes avaient été relâchés.
Joint par RFI, Marc Ona Essangui, coordinateur du mouvement « Ça suffit comme ça », dénonce des actes d’intimidation et de harcèlement :
« C’est le harcèlement que le pouvoir est en train d’opérer sur ceux qui peuvent élever leur voix pour dénoncer un peu l’imposture qui est en train de trôner au sommet de l’Etat. Nous sommes à quelques semaines du scrutin présidentiel et il est strictement interdit de faire une marche ici, au Gabon. Il est strictement interdit de se regrouper. Les forces de l’ordre, qui devraient normalement encadrer les manifestations dans une période électorale, sont envoyées pour arrêter les gens. Si Ali Bongo était serein, je pense qu’il laisserait d’autres acteurs manifester. Il faut prouver que nous sommes en démocratie et laisser les autres voix s’élever publiquement », a déclaré, à RFI, le coordinateur du mouvement « Ça suffit comme ça ».
Du côté du pouvoir, à Libreville, c’est un autre son de cloche. Joint par RFI, Alain Claude Bilie By Nzé, porte-parole du gouvernement, répond que ce sont « des casseurs » qui ont été arrêtés.
« Personne n’est recherché au Gabon s’il mène des activités pacifiquement. Seuls ceux qui ont envie de casser sont recherchés pour rencontrer la loi. Donc ce climat, il vient de l’opposition qui, depuis des années, a installé dans notre pays un climat de haine, d’invective, porté ouvertement par les leaders de l’opposition. Nous n’avons pas l’intention, en tant que gouvernement, de laisser s’installer dans le pays un climat de chienlit, un climat de peur. Nous attendons que l’opposition aille présenter aux Gabonaises et aux Gabonais un projet alternatif à celui que nous défendons. Malheureusement, jusqu’à présent, il n’y a que l’injure, la calomnie, la haine. Et ça ce n’est pas possible, ce n’est pas tolérable », a pour sa part déclaré le porte-parole du gouvernement gabonais, Alain Claude Bilie By Nzé.
avec rfi